Guerres de succession dans les partis politiques ivoiriens
1 août 2025L’ancien ministre Ahoua Don Mello a confirmé sa candidature à l’élection présidentielle ivoirienne, lors d’une conférence de presse, jeudi (31 juillet). Le vice-président du parti des peuples africains - Côte d'Ivoire (PPA-CI), de Laurent Gbagbo, comptait ainsi pallier l’inéligibilité de ce dernier. Ahoua Don Mello voulait incarner l’opposition à Alassane Ouattara, en octobre prochain.
Mais en réponse à cette annonce, Laurent Gbagbo, encore candidat désigné du parti PPA-CI, a démis Don Mello de ses fonctions de vice-président.
Ce qui pose la question de la succession au sein des partis politique en Côte d'Ivoire, explique Jamila Hamidu, chercheuse a l’Institut Arnold Bergstraesser de Freiburg en Allemagne.
Jamila Hamidu : On voit qu’il y a beaucoup de fractions au sein des deux partis de l'opposition, notamment le parti de Gbagbo, mais aussi du côté de Tidjane Tiam. Il n’y a pas une forme d'unité parmi l'opposition et ça, ça pose un problème en ce qui concerne comment contester contre l'inéligibilité de Monsieur Gbagbo. Tous ces gens essaient de se positionner si Laurent Gbagbo ne va pas aller plus loin mais peut être que Gbagbo a aussi ses propres personnes qu’il veut aussi présenter.
DW : Beaucoup de politiciens et même d'analystes reprochent au président Alassane Ouattara de se représenter malgré son âge. On lui reproche aussi de n'avoir pas préparé de dauphin. Mais c'est le cas aussi pour Gbagbo.
Jamila Hamidu : On en a deux personnalités politiques qui ont occupé la scène politique ivoirienne depuis plus d'une vingtaine d'années. De chaque côté il n’y a pas eu de préparation de dauphin. Mais aussi des deux côtés, on ne voit pas réellement qui peut prendre la suite. Il y a aussi cette question de savoir s’il y a de bons candidats qui peuvent les remplacer, des candidats qui font le poids. Mais est-ce que aussi les adhérents des partis veulent continuer avec une autre personne. Je pense aussi qu'il faut qu'on on regarde ça dans cette globalité. Que veulent les adhérents de ces partis.
DW : Gbagbo veut absolument être candidat mais la question aussi qu'on se pose, est-ce qu'il est encore capable d'unir des forces politiques derrière lui ?
Jamila Hamidu : C'est quand même un poids lourd politique qui a servi son pays depuis presque 50 ans, c'est un combattant dans la scène politique, il sera forcément respecté comme le père du parti mais ça va être compliqué pour Laurent Gbagbo.
DW : Avec cette nouvelle candidature du président Ouattara, l'absence des principaux leaders d'opposition et toute cette tension, doit-on craindre une crise post-électorale comme en 2011 en Côte d'Ivoire ?
La conjoncture de 2011 et 2025 n'est pas pareille. Là on n'a pas réellement d'opposition. En 2011, on avait deux camps qui étaient clairs, on avait le camp de Ouattara, on avait le camp de Gbagbo et c'était clair. Mais là il n’y a pas une opposition organisée. S'il y avait une opposition bien déterminée, peut être oui mais là on ne pourra pas prédire ce qui ce qui va se passer d'ici octobre.