Goma, une vie paralysée, trois mois sous occupation du M23
25 avril 2025Lors de la prise de Goma, la capitale provinciale, banques et institutions de microfinance ont fermé leurs portes. Plusieurs entreprises et sociétés privées ont suspendu leurs activités, tandis que d’autres ont purement et simplement cessé d’exister.
Des dizaines de travailleurs ont été mis en congé. Germain Rutsuba, employé d’une entreprise de transformation agroalimentaire à Goma, se plaint des conditions de vie dégradées par la guerre :
"Il n’y a pas de circulation monétaire, plus rien ne fonctionne. On ne sait pas ce que nous réservent les jours à venir, mais actuellement, c’est très compliqué !"
Pas de banque ouverte, pas de salaire
De nombreux fonctionnaires, notamment les enseignants des écoles publiques de la région, ne perçoivent plus leur salaire à cause de la fermeture des banques.
Éric Panda, instituteur à l’école primaire Rugamba de Kiwanja, déplore la situation :
"Depuis la prise de Goma, notre quotidien a changé, c’est devenu un calvaire. On dépendait de ce salaire, même si c’était peu, il faisait vivre nos familles. C’est une souffrance totale, cela nous affecte profondément."
Beni aussi durement touchée
La fermeture des établissements bancaires a entraîné une chute de la circulation monétaire, plongeant la ville de Beni dans une crise financière sans précédent.
"Depuis janvier, mon mari est sans emploi. On n’arrive plus à payer le loyer. Malheureusement, notre bailleur nous a donné un ultimatum, sous peine d’expulsion. Nous n’avons nulle part où aller, la situation est devenue intenable", déplore Sarah Kiza et son mari qui peinent aujourd’hui à payer le loyer.
Dans ce contexte incertain, certains habitants ont développé des activités génératrices de revenus pour survivre. C’est le cas de Simon Bahati, qui arpente désormais les rues de Goma pour vendre des souliers usagés.
"Je me suis vu obligé de lancer une petite activité. Ce n’est pas aussi rentable qu’en temps normal, mais on fait avec, faute de mieux".
Selon les Nations Unies, au moins 3 000 personnes ont été tuées lors des affrontements qui ont suivi la chute de Goma en janvier 2025.
Depuis, la rébellion a instauré une administration parallèle. Toutefois, des attaques sporadiques contre les positions du M23 continuent d’être signalées dans plusieurs quartiers.