RDC : des enfants sans écoles à Goma
10 février 2025Au complexe scolaire La Sagesse, situé au quartier Katoy, dans la commune de Karisimbi à Goma, quasiment aucun élève n'était présent. Le directeur de l'établissement, Frédéric Sabuta, évoque un absentéisme de près de 99%.
"Nous sommes présents à l'école aujourd'hui avec tous les enseignants, mais malheureusement, les enfants ne sont pas venus. Sur l'effectif total, seuls 1,5% d'élèves se sont présentés. Nous essayons de les occuper aujourd'hui en attendant de voir si demain, les parents pourront nous en envoyer d'autres", a-t-il déclaré.
Landry Balumisa est le directeur d'un autre établissement scolaire qui, pour sa part, n'a reçu aucun élève. Il comprend l'attitude des parents qui n'ont pas envoyé leurs enfants à l'école.
"Il faut comprendre que nous étions en pleine guerre, des gens se sont déplacés de Goma vers Bukavu. Je suis en contact avec d'autres parents qui, présentement, se retrouvent avec leurs enfants à Kigali, à Gisenyi et ailleurs", explique ce chef d'établissement.
"Il y en a d'autres qui sont dans la ville, mais qui préfèrent observer comment les autres vont répondre à l'appel des écoles. Il y en a aussi qui, pendant les combats, ont perdu les fournitures scolaires de leurs enfants... Bref, il y a beaucoup de difficultés qui empêchent les parents d'envoyer leurs enfants à l'école."
Des enfants veulent reprendre
Mécontente de la situation, Gloria Munguiko, une écolière de dix ans, fait preuve d'une étonnante maturité dans sa manière de réclamer la reprise des cours.
"Durant les combats, je me sentais très mal parce que je n'étudiais pas. Je demande aux gens qui viennent d'ailleurs pour nous faire la guerre, de rentrer dans leur pays. Par cette occasion, je vais aussi demander au gouvernement congolais de tout faire pour que nous puissions reprendre le chemin de l'école, qu'il mette fin à la guerre et qu'il nous facilite les études", assène la jeune fille.
La situation à Goma est rendue incertaine par la cohabitation de deux autorités. D'un côté, les rebelles du M23 ont demandé aux écoles du chef-lieu de la province du Nord-Kivu de reprendre leurs activités, ce lundi.
De l'autre, le Proved, l'autorité provinciale compétente en matière d'éducation, placé sous le contrôle de l'Etat congolais, a donné la même instruction aux chefs d'établissements, vendredi dernier.
En fin de compte, les parents, qui ont préféré attendre, ont rappelé qu'ils sont les seuls à statuer sur la sécurité de leurs enfants.