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Le Ghana s’engage pour l’hygiène menstruelle des écolières

26 mai 2025

Le gouvernement a promis de fournir des serviettes hygiéniques gratuitement dans les écoles, alors que leur prix reste trop élevé pour une majorité d'adolescentes.

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Des serviettes et des tampons hygiéniques
Au Ghana, la grande majorité des adolescentes n'ont pas les moyens de s'acheter des serviettes hygiéniquesImage : Annette Riedl/dpa/picture alliance

Le gouvernement du nouveau président du Ghana fait un mouvement audacieux en faveur de la santé menstruelle des adolescentes. Il a annoncé il y a deux semaines le lancement d'un programme d'approvisionnement des écoles en serviettes hygiéniques gratuites pour contribuer à l'assiduité scolaire des filles et pour préserver leur dignité.

Pour la grande majorité d'entre elles, les serviettes sont trop chères et elles utilisent des produits non hygiéniques pour absorber leurs règles. Certaines manquent l'école tous les mois à cause de cela, comme une écolière sur six en Afrique sub-saharienne, d'après la Banque Mondiale.

Au Ghana, les serviettes hygiéniques jetables coûtent ainsi entre 20 et 40 cédis, l'équivalent de un à 2,50 euros. Cette somme reste inaccessible pour 70% des jeunes filles d'après le rapport 2024 de l'ONG SEND.

Ecoutez le reportage au Ghana...

Produits de remplacement et absences scolaires

L'entrepreneuse Tijani Ayishetu était professeure dans le nord du pays avant de se mettre à produire des serviettes en tissu réutilisables pour sa marque Kaylacares. Elle a vu beaucoup d'écolières en difficulté à cause de leurs règles, jusqu'à manquer l'école.

"Il y avait une fille que ne venait pas à l'école pendant ses règles, explique-t-elle. Je me souviens qu'on a été la voir une fois et elle ne voulait même pas sortir dans la cour. Elle disait qu'elle perdait du sang abondamment et que ça tachait sa robe, et aussi qu'elle n'avait pas d'argent pour des serviettes, alors elle utilisait des chiffons. A cause de ça, elle ne se montrait pas en public à chaque fois qu'elle avait ses menstruations".

Premières règles, en parler pour être mieux préparé

Le rapport SEND établit que 20% des filles n'utilisent que des produits de remplacement aux serviettes et que 14% manquent l'école par défaut d'accès à des produits d'hygiène menstruelle. Ce sont souvent les parents qui fournissent les produits, mais les adolescentes ont parfois recours à des sponsors, ce qui les rend vulnérables aux abus sexuels.

"Il y avait cette fille en particulier qui était abusée par son oncle éloigné, se souvient Tijani Ayishetu. Il s'est proposé de lui fournir des serviettes hygiéniques jetables et elle a pensé qu'il se montrait gentil. Il a fini par abuser d'elle".

Aider deux millions d'écolières

Le gouvernement ghanéen a pris les devants et a lancé le 24 avril l'initiative Free sanitary pads. Dotée de 292,4 millions de cédis ghanéens, le programme prévoit d'atteindre plus de deux millions d'écolières.

Le tabou des menstruations // Le combat des femmes du Cameroun pour plus d'égalité

Seuls quelques pays en Afrique poursuivent des programmes similaires, comme le Kenya, l'Afrique du Sud et le Botswana. Au Ghana, l'initiative a été reçue avec enthousiasme par les militants comme Ayisha Mohammed, à l'origine de la fondation Mata Da Aiki.

Pour elle, "cette initiative est porteuse de changement pour les adolescentes ghanéennes car, au fil des années, cette situation a été laissée aux mains des ONG et des individuels. Cela va aider à améliorer l'hygiène de ces adolescentes".

Il reste à savoir si le gouvernement sera capable de soutenir l'initiative sur le long terme.

Vue aérienne d'Accra
Claudia Lacave Correspondante au Ghana pour le programme francophone de la Deutsche Welle@C_Lacave