Début du largage d’aide humanitaire sur la bande de Gaza

L'Allemagne, en collaboration avec Paris et Londres, s’appuie sur la Jordanie pour venir en aide aux populations palestiniennes affamées. Mais le largage d’aides humanitaires au-dessus de Gaza est critiqué. "Cela nous est tombé dessus, sur le toit de la maison, cela nous est tombé dessus et nous avons des blessés. Ce n'est pas considéré comme une aide ou de la nourriture pour les gens, c'est la mort pour les gens." 

Thaer Suleiman a été blessé pendant le largage de vivres cette semaine. Il n’est pas le seul à se plaindre de la distribution de l’aide humanitaire aérienne. Les organisations humanitaires sont aussi stupéfaites. « Larguer de biens humanitaires par voie aérienne est une initiative absurde qui sent le cynisme à plein nez », a déclaré Jean-Guy Vataux, coordinateur des urgences pour la région chez Médecins sans frontières. 

L’expert en aide d'urgence chez Welthungerhilfe, Marvin Fürderer, décrit un problème fondamental : "le chargement est largué sans coordination, sans zone de largage définie, sans structures de sécurité, dans un environnement à haut risque."

"Souvent, l'aide n'atteint pas les personnes qui en ont le plus besoin, mais plutôt celles qui sont encore suffisamment mobiles pour se frayer un chemin à travers les décombres et les rues bondées jusqu'au point de largage, et qui sont en mesure de se battre sur place pour l'obtenir.  L’aide n’atteint donc pas, par exemple, les enfants, les personnes âgées et les malades. "

Atteíndre les plus démunis

Les distributions aériennes ne parviennent donc pas aux plus démunis et sont, en plus, coûteuses. Pour le directeur du groupe de réflexion berlinois, Centre for Humanitarian Action, c’est du gaspillage d'argent. En effet, selon Ralf Südhoff, l'approvisionnement par voie aérienne coûte jusqu'à 35 fois plus cher que les convois terrestres. 

Mohammed Al-Qaraan fait partie des 2,4 millions de Palestiniens assiégés à Gaza par Israël depuis le début de la guerre. Il plaide aussi pour l’approvisionnement par voie terrestre. 

"L'aide via les points de passage serait préférable, car, de cette manière (par largage aérien), les marchandises ne nous parviennent pas. C'est la deuxième fois qu'ils procèdent ainsi depuis qu'ils ont commencé à larguer les marchandises, et je ne peux pas les récupérer. "

Malheureusement, le gouvernement israélien ne permet pas un accès plus large aux convois humanitaires terrestres pour ravitailler la bande de Gaza. En attendant, deux avions de type A400M, équipés à partir de la Jordanie, largueront, ce vendredi, des vivres aux Gazaouis. D’après un rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire, le "pire scénario de famine est en cours à Gaza", en raison de la guerre, des déplacements massifs de population et des restrictions à l'aide humanitaire.

Et plus de 20 000 enfants ont été traités contre la malnutrition aiguë, entre avril et mi-juillet.