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Gabon : polémique sur la nationalisation des petits métiers

Amy Wane
20 août 2025

Si certains soutiennent que ces metiers doivent revenir aux Gabonais, d'autres avancent que ces derniers ne manifestent pas un intérêt à s'adonner à ces activités.

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Libreville, la capitale du Gabon
Une trentaine de nationalités cohabitent à LibrevilleImage : Han Xu/Xinhua/picture alliance

La mesure n'est pas encore en vigueur mais elle alimente déjà un débat passionné au Gabon et au-delà.

Pour Marc Ona, Sénateur de la transition et membre de la société civile, cette mesure est un pas vers la sécurisation de certains emplois souvent occupés par des ressortissants étrangers.

"Les Gabonais manifestent un intérêt pour ces petits métiers. Quand le chômage est rampant, il faut toucher à tout. Pour ne pas être otage de certaines communautés, il va falloir que les Gabonais comprennent que seule l'activité personnelle compte, et non la fonction publique", , assure Marc Ona. 

"Aujourd'hui, nous avons des Gabonais chauffeurs de taxi, ce qui n'était pas le cas par le passé. À partir du moment où les Gabonais vont sentir l'absence de ces petits métiers, ils s'y investiront"

Yorick Miyakou, résident à Libreville, estime-lui que la mesure pourrait permettre de mieux formaliser certaines activités.

"Il est question de nationaliser certains métiers et non pas de chercher à marginaliser les étrangers. Maintenant, derrière cela, qu'est-ce qu'on veut faire ? C'est pouvoir faire enregistrer les commerçants étrangers qui étaient dans l'informel, parce que cela ne sera plus toléré aujourd'hui. On veut qu'ils soient légaux et qu'ils se fassent enregistrer afin de payer leurs impôts", estime-t-il.

Un véritable dilemme

À l'inverse, Timothée, d'origine béninoise, soutient que les ressortissants étrangers jouent un rôle important dans l'économie gabonaise.

"Il y a des expatriés qui sont dans ce pays depuis très longtemps et qui contribuent au développement de l'économie. Je pense notamment aux Béninois ou aux Camerounais, qui, avant de se lancer dans le commerce, vont à la mairie pour payer impôts et taxes", déclare Timothée. 

"La question à se poser est : est-ce que le Gabonais fera de même ? On oublie souvent que certains Gabonais aspirent à une vie de bureau ou à un confort similaire à celui des expatriés. Mais nous espérons que cette décision ne mènera pas le pays à une crise ou à une pénurie alimentaire"

Au-delà des opinions, la décision des autorités pose des questions plus larges sur la place des étrangers dans l'économie gabonaise et sur les moyens de soutenir la jeunesse et les entrepreneurs locaux. Les réactions montrent un pays partagé entre volonté de protéger les emplois nationaux et crainte de perturber les activités économiques animées en grande partie par des ressortissants étrangers.