La France rétrocède sa base militaire à la Côte d’Ivoire
20 février 2025Depuis jeudi (20.02.2025), le 43e Bima a été rebaptisé “camp Ouattara Thomas d'Aquin Ouattara” en hommage au premier chef d'Etat-major de l'armée de la Côte d’Ivoire.
Ce processus de rétrocession symbolise un renforcement de l’autonomie de la Côte d’Ivoire en matière de défense, conformément à l’annonce faite par le président Alassane Ouattara dans son discours à la nation du 31 décembre 2024.
La France reste en Côte d’Ivoire
Pour l’analyste politique Osman Chérif, la rétrocession de la base militaire française à la Côte d'Ivoire ne marque pas le départ des troupes françaises, comme certains l'ont interprété, mais plutôt une nouvelle étape dans la coopération entre les deux pays.
"On sait que la France va continuer de former les militaires ivoiriens dans les écoles, en termes de renseignements et en termes de lutte anti-terroriste, il y’aura une coordination entre les forces françaises et les forces ivoiriennes", fait remarquer sur la DW Osman Chérif.
"Et la Côte d’ivoire a vraiment besoin aujourd’hui en termes de renseignements et même en termes d’équipements du soutien de la France. Donc pour nous, c’est un ajustement stratégique ce n’est pas une rupture totale."
Le ministre ivoirien de la défense Tiéné Birahima Ouattara, ne dit pas autre chose. Pour lui, la coopération entre les deux pays se poursuivra dans plusieurs domaines essentiels de la défense.
Tiéné Birahima Ouattara indique que "la réorientation et la reconfiguration de notre collaboration en matière de défense, sont donc légitimes tant que nous devons adapter nos postures opérationnelles en tenant compte de l’évolution du monde".
"Je voudrais donc rassurer nos partenaires français que notre coopération militaire demeurera aussi meilleure qu’elle a toujours été."
Pour le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, la France entend maintenir une relation de partenariat stratégique avec la Côte d’Ivoire : "La France transforme sa présence, la France ne disparait pas. C’est ainsi que 80 militaires français composant un socle d’un détachement inter-armée va venir armer la présence militaire française pour les besoins que vous exprimerez."
Rupture moins brutale
Si cette rétrocession de la base militaire française s’est faite en douceur, c’est bien parce que la Côte d’Ivoire n’a jamais dénoncé formellement les accords militaires, donc de rompre brutalement ces accords militaires avec la France.
Ailleurs dans la sous-région, le divorce ne s’est pas fait sans douleurs, explique le docteur Osman Chérif.
"Le Mali, le Burkina Faso et le Niger, ce sont des pays qui ont connu récemment des coups d’Etat et ce sont des pays qui cherchent aujourd’hui à capitaliser sur le rejet de l’influence française pour se faire soutenir par leurs peuples. Alors que la Côte d’Ivoire est un pouvoir civil", constate l'analyste.
"Au-delà de ça, la Côte d’Ivoire a toujours entretenu une relation diplomatique plus ou moins équilibrée avec Paris. Donc il n’y avait pas vraiment de raison d’opter pour cette rupture qui soit brutale."
L'ancien 43ème Bima, sera désormais le centre névralgique de cette coopération franco-ivoirienne. Il abritera un centre d’amerrissage où les soldats français formeront leurs homologues ivoiriens dans divers domaines, notamment les opérations de maintien de la paix et les missions spéciales.
Dans le cadre de cette nouvelle dynamique, plusieurs sites en Côte d'Ivoire tel que l’académie internationale de lutte contre le terrorisme de Jacqueville ont été identifiés pour abriter une centaine de militaires français.