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RDC : fin de l'ultimatum lancé par le M23 aux déplacés

11 février 2025

Les déplacés des camps à l'ouest de Goma avaient 72h pour quitter les lieux. Beaucoup rejoignent la ville ou leurs villages dans le plus grand dénuement.

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Des campements de fortune faits de bâches dans le camp de déplacés de Bulengo
Des affrontements entre l'armée congolaise et le M23 allié à des troupes rwandaises ont à nouveau éclaté ce mardi dans l'est de la RDCImage : Aubin Mukoni/AFP/Getty Images

En République démocratique du Congo, les rebelles du M23 avaient lancé un ultimatum aux déplacés des camps situés à l'ouest de la ville de Goma, comme Bulengo et Lushagala, leur ordonnant de quitter les lieux sous 72 heures. Ce délai prenait fin ce mardi (11.02) et les déplacés viennent s'ajouter à ceux des autres camps déjà évacués, créant une urgence humanitaire dans la ville de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu.

Beaucoup ne savent désormais pas où aller. La plupart ont trouvé refuge dans des églises, des écoles ou des hangars à Goma. D'autres tentent de rejoindre leurs villages d'origine, mais certains sont trop éloignés et le voyage est payant.

Retourner sur "un champ de bataille"

Les ONG ont aussi quitté le camp de Bulengo. Hier, le centre hospitalier tenu par Première urgence internationale a été désinstallé, laissant les déplacés dans le désarroi.

Ombeni Masala, qui vivait dans le camp de Bulengo depuis deux ans, explique que "nous sommes prêts à rentrer chez nous, mais les conditions ne sont pas bonnes. Ils nous disent de rentrer alors que nos villages sont transformés en champ de bataille. Il y a encore des mines et des obus. Nous risquons de mourir avec nos familles. C'est ça la crainte".

Ecoutez le reportage dans le camp de Bulengo...

Certains déplacés sont partis lundi. Aujourd'hui, d'autres, comme Sephora Shukuru, sont en train de faire leurs valises.

Elle vit également à Bulengo depuis deux ans et elle explique qu'elle va devoir retourner dans son village à pied. "Je vais rentrer parce que le M23 l'a demandé, témoigne-t-elle. Nous devons y aller à pied. J'ai trois enfants et je vais rentrer à pied. Mais je ne vais pas y arriver… Chez moi, c'est à Kitshanga. C'est au moins quatre jours de voyage".

Des déplacés confrontés aux atrocités commises dans leurs villages

D'autres déplacés internes errent dans les rues de Goma, ou bien finissent de charger leurs affaires sur des motos et des taxi-bus. Le trafic sur le tronçon Goma-Sake-Kitshanga est saturé par la circulation.

Aline Uwineza est allée à Kitshanga, dans son village, pour voir comment était la situation. "Lorsque le M23 nous a demandé de détruire nos tentes, j'ai voulu d'abord préparer  mon retour, raconte-t-elle. Je suis allée dans mon village. Arrivée là-bas, ma voisine a été tuée durant la nuit. Et jusqu'à présent, je n'ai pas encore détruit ma tente. J'ai peur, car ma voisine a été tuée".

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Depuis 2022, le camp de Bulengo a accueilli plus de 100.000 déplacés internes fuyant les combats entre le M23 et l'armée congolaise. Aujourd'hui, ils n'ont pas d'autre choix que de partir de nouveau, sans certitude de survie.

Les plus vulnérables restent bloqués à Goma et les acteurs humanitaires soulignent la gravité de la situation, avec notamment des cas de choléra qui ont été signalés dans le camp de Buhimba.