L'Europe veut injecter 800 milliards d'euros dans sa défense
7 mars 2025Moins d'une semaine après le lâchage en direct du président ukrainien Volodymyr Zelenksy par son homologue américain Donald Trump, dans le Bureau ovale de la Maison Blanche, suivi de l'annonce de la suspension de l'aide américaine à l'Ukraine, l'Union européenne a donné son feu vert jeudi soir (06.03), au plan baptisé "Réarmer l'Europe". Ce plan doit mobiliser des centaines de milliards d'euros pour bâtir une Europe de la défense capable d'agir seule contre la menace russe, sans le parapluie américain.
800 milliards d'euros doivent être mobilisés. La somme est colossale. A titre de comparaison, depuis le début de l'invasion russe, l'Union européenne et ses Etats membres ont apporté un peu plus de 130 milliards d'euros d'aide à l'Ukraine.
Mais le désengagement fulgurant de Washington et l'imprévisibilité de Donald Trump semblent avoir définitivement accéléré la construction d'une Europe de la défense depuis toujours balbutiante.
Compenser l'aide américaine à l'Ukraine
Concrètement, la Commission européenne veut mettre à disposition des Etats membres 150 milliards d'euros sous forme de prêts pour des investissements et pour des achats d'armement en commun. C'est ce que les chancelleries vont examiner en priorité.
Selon la Commission, cette partie du plan vise à renforcer au plus vite l'aide à l'Ukraine, lorsque le gel du soutien américain va commencer à se faire sentir.
L'urgence concerne la défense anti-aérienne, les missiles, les drones, les systèmes anti-drones ou encore les systèmes d'artillerie.
Ensuite, le gros du plan, les 650 milliards d'euros restants, devrait être trouvé par les Etats membres. Pour leur faciliter la tâche, Bruxelles veut notamment être moins regardant sur les déficits nationaux.
Dans l'Union européenne, le Pacte de stabilité et de croissance oblige chaque pays membre à limiter son déficit public à 3% de son Produit intérieur brut. Bruxelles pourrait désormais assouplir cette règle pendant au moins quatre ans, pour encourager les investissements liés à la défense.
Rencontre de délégations ukrainienne et américaine à Ryad
A noter que ce plan n'a pas été approuvé à l'unanimité des 27. La Hongrie, dont le Premier ministre Viktor Orban est un soutien de Vladimir Poutine et de Donald Trump, s'y est opposée.
Avec ces annonces, la venue de Volodymyr Zelensky à Bruxelles, où le président ukrainien a reçu la promesse que l'Europe donnera aux Ukrainiens "les moyens de se protéger et d'œuvrer en faveur d'une paix juste et durable", a offert un contraste frappant avec le fiasco de sa visite à la Maison Blanche.
On note toutefois de premiers signes d'un éventuel réchauffement : l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, doit rencontrer une délégation ukrainienne, la semaine prochaine en Arabie saoudite, pour définir un cadre pour un accord de paix.
Sur ce point, pour l'Union européenne, c'est clair et elle l'a rappelé dans le texte signé jeudi : "Il ne peut y avoir de négociations sur l'Ukraine sans l'Ukraine".