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EconomieEthiopie

Éthiopie : le barrage de la Renaissance entre en fonction

Carole Assignon | Privilege Musvanhiri
9 septembre 2025

L'Éthiopie a officiellement inauguré, ce mardi 9 septembre, son Grand barrage de la Renaissance (Gerd) sur le Nil après quatorze ans de travaux.

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Cérémonie d'inauguration du GERD.
Le GERD est pour l'Ethiopie "une grande réussite".Image : Luis Tato/AFP

Le Grand barrage de la Renaissanceest le plus grand ouvrage hydroélectrique d'Afrique. Mais ce qu'Addis-Abeba considère comme "une grande réussite" est aussi une source de tension dans la région. 

L'ouvrage est critiqué, notamment par l'Égypte, qui craint un tarissement de sa principale source d'approvisionnement en eau. Mais il y a aussi les critiques au sujet de son coût humain.

Un ouvrage qui a un coût

Avec 1,8 kilomètre de large pour 145 mètres de haut et une contenance totale de 74 milliards de mètres cubes d'eau, le Grand barrage de la Renaissance est, selon les experts, un gage de "révolution énergétique"

Il devrait permettre à Addis Abeba de générer d'importantes recettes grâce à l'électricité vendue à ses voisins. Les autorités éthiopiennes estiment ses retombées à un milliard de dollars par an, pour un coût total estimé à quatre milliards de dollars.

Mais il y a aussi un coût humain pour la construction de l'ouvrage. Le projet a provoqué des déplacements de populations. Selon les médias locaux, 15.000 personnes auraient également perdu la vie pendant sa construction.

Le Grand barrage de la Renaissance,
Le barrage devrait permettre à Addis Abeba d'avoir d'importantes recettes grâce à l'électricité vendue à ses voisins.Image : Office of the Prime Minister-Ethiopia

Dans une interview accordée à la DW, le ministre éthiopien de l'Eau et de l'Énergie, Habtamu Itefa, n'a pu ni confirmer ni infirmer ces affirmations.

"En ce qui concerne les chiffres cités, la question est erronée, et la réponse l'est également. Pour obtenir des informations à ce sujet, vous devez vous adresser aux institutions compétentes", a-t-il répondu. 

Parmi les décès signalés figurent des ingénieurs et des ouvriers, des membres des forces de sécurité, des chauffeurs et des habitants locaux qui ont contribué ou apporté leur soutien au projet de diverses manières.

L'ancien chef de projet, Simegnew Bekele, est l'une des personnalités les plus connues à avoir trouvé la mort dans des circonstances encore non éclaircies, en juillet 2018.

Par ailleurs, des interrogations subsistent sur le comportement du barrage en cas de crue du Nil bleu et sur l'impact sur la biodiversité de la région.

L'autre grande question porte sur les conséquences du remplissage du réservoir sur les pays en aval, le Soudan et l'Égypte, qui s'inquiètent pour leur approvisionnement en eau. 

Des tensions et un besoin de dialogue

L'Égypte, qui dépend presque entièrement du Nil pour son approvisionnement en eau douce, craint que le barrage ne réduise sa part, ce qui constituerait, selon elle, une menace existentielle. Sur ce point, le ministre Habtamu Itefa se veut rassurant.

Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed lors de l'inauguration du GERD.
Alors que le GERD est source d'inquiétude pour l'Egypte et le Soudan, les autorités éthiopiennes veulent rassurer.Image : Luis Tato/AFP/Getty Images

"Nous pensons que ce barrage est destiné à tous. L'Éthiopie est prête à toute discussion. Nous avons partagé les données relatives au débit du fleuve avec le Soudan au cours des trois dernières années, une mesure visant à instaurer la confiance avec nos voisins", explique le ministre, qui précise que "la communauté internationale doit comprendre qu'il faut permettre à nos populations, y compris celles de nos pays frères, le Soudan et l'Égypte, d'avoir une vie meilleure. Cela signifie une vie meilleure pour tous".

Pour Yacob Arsano, professeur d'hydropolitique, rien ne pourra être résolu sans le dialogue dans ce dossier.

"Dans les relations internationales, il est toujours important, en particulier lorsqu'il s'agit de ressources en eau partagées, de s'asseoir autour d'une table pour négocier et convenir du type d'eau utilisé dans chaque pays, puis d'élaborer des plans directeurs pour la répartition des tâches en matière de développement économique, qui profitent à tous les pays", assure l'expert.

Malgré des années de négociations, l'Éthiopie, l'Égypte et le Soudan ne sont toujours pas parvenus à un accordsur le partage de l'eau.

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique