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Les Etats-Unis comptent fermer des ambassades en Afrique

Martina Schwikowski | Marco Wolter
29 avril 2025

Donald Trump veut baisser les dépenses de l'Etat et cela passerait aussi par la fermeture d’une trentaine de représentations dans le monde, dont la majeure partie en Afrique.

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Des manifestants avec des drapeaux américains à l'envers devant le Capitole à Washington
Les Etats-Unis opèrent un virage à 180 degrés depuis le retour de Donald TrumpImage : Allison Bailey/NurPhoto/IMAGO

Voilà 100 jours que Donald Trump a retrouvé la Maison Blanche. 100 jours marqués par un flot d'annonces tonitruantes et d'imprévisibilité.

En Afrique, ce sont les coupes budgétaires prônées par l'administration américaine qui se font le plus sentir, alors que les Etats-Unis veulent réorganiser leur présence dans le monde.

La Maison Blanche veut mettre fin à la "gabegie, la fraude et les abus" au sein du département d'Etat, peut-on lire dans le projet de décret présidentiel qu'a pu consulter le New York Times. Selon le document, une "réorganisation structurelle complète” de la diplomatie américaine est prévue d'ici octobre.

Et cela passerait par la fermeture d'une trentaine d'ambassades et de consulats dans le monde, dont la majeure partie en Afrique. 

Le département d'Etat "coûte trop d'argent"

En réaction à ces révélations, le chef de la diplomatie, Marco Rubio, a dénoncé dans un tweet des "fake news", des fausses informations. Quelques jours plus tard, ce même Marco Rubio a défendu une proposition de suppressions de postes et des économies au sein de son ministère où, selon lui, "tout prend trop de temps, coûte trop d'argent, implique trop d'individus et finit trop souvent par échouer pour le peuple américain".

"La nomination d'ambassadeurs n'est pas une priorité pour l'administration Trump, explique Alex Vines, du groupe de réflexion Chatham House. Jusqu'à présent, l'administration Trump a nommé trois ambassadeurs sur le continent africain : pour l'Afrique du Sud, le Maroc et la Tunisie. Dans tous les autres pays, il y a soit des ambassadeurs qui sont encore en poste, soit des postes vacants".

Marco Rubio
Le secrétaire d'Etat Marco Rubio estime que son propre ministère n'est pas efficaceImage : Elizabeth Frantz/REUTERS

Dans certains cas, des diplomates ont été nommés par intérim, mais sans que l'on sache qui va ensuite prendre le poste. C'est le cas, d'après la liste de l'American Foreign Service Association, qui représente des milliers de travailleurs américains à l'étranger, pour des pays comme le Nigeria, le Kenya, l'Egypte et l'Ethiopie, qui sont pourtant des économies importantes du continent.

Le Lesotho, l'Erythrée, la République centrafricaine, la République du Congo, la Gambie et le Soudan du Sud figurent sur la liste des ambassades à fermer, ainsi que des consulats à Douala, au Cameroun, et à Durban, en Afrique du Sud.

Donald Trump s'en prend au gouvernement sud-africain

En Afrique du Sud, justement, la situation est particulière, puisque le gouvernement sud-africain est dans le collimateur de Washington, accusé de discrimination contre la minorité blanche du pays.

Donald Trump a récemment nommé Leo Brent Bozell III comme ambassadeur, il doit maintenant encore être confirmé par le Sénat américain. Cette désignation a suivi l'expulsion de l'ambassadeur sud-africain Ebrahim Rasool, qui avait dénoncé du racisme au sein de l'administration américaine.

Donald Trump condamne également l'action de l'Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de justice.

Résultat : la Maison Blanche a suspendu son aide financière au pays, quitte à affecter des projets humanitaires et de santé, comme la lutte contre le Sida. 

Plus largement, et c'était une de ses premières actions, Donald Trump a suspendu l'aide internationale au développement des Etats-Unis pour s'attaquer au budget de l'USAID, l'Agence d'aide au développement international américaine. Une décision qui affecte très fortement les programmes en Afrique. 

Donald Trump et Cyril Ramaphosa
Malgré les critiques de Donald Trump contre Pretoria et le président Cyril Ramaphosa, les États-Unis sont le deuxième partenaire commercial de l'Afrique du Sud Image : Ting Shen and Alfredo Zuniga/AFP

Le désintérêt du président américain pour le continent n'est pas une surprise. "L'Afrique n'a pas joué un rôle majeur dans le premier mandat de Trump, rappelle Steven Gruzd, de l'Institut sud-africain pour les affaires internationales. Il a insulté le continent et l'a vraiment ignoré. Il ne lui a pas rendu visite pendant tout son mandat. Et cela ne me surprend pas que des postes d'ambassadeurs dans d'importants pays africains soient maintenant vacants".

Rapports bilatéraux et une opportunité pour d'autres pays

A la fin, dans la politique de Donald Trump, tout passe par des rapports de force. "Depuis son premier mandat, nous avons vu qu'il préfère une approche bilatérale pour négocier avec chaque pays individuellement”, explique Christopher Isike, directeur du Centre africain d'étude des Etats-Unis à l'Université de Pretoria. 

Ainsi, il dit ne pas s'attendre à ce que l'accord commercial des Etats-Unis avec les pays africains (Agoa) soit prolongé quand il expirera le 1er octobre 2025.

Pour Christopher Isike, certains pays comme l'Afrique du Sud, la République démocratique du Congo et peut-être le Nigeria pourraient toutefois tirer leur épingle du jeu. 

Ces pays possèdent des minéraux qui peuvent être utiles à l'économie américaine. Cela est "particulièrement important maintenant que la Chine ferme l'accès à certains minéraux importants qu'elle fournit aux Etats-Unis", précise le politologue.

Enfin, moins de présence diplomatique des Etats-Unis dans le monde pourrait aussi créer une brèche pour d'autres pays, comme la Chine.

"Moins d'Amérique sera une incitation pour les pays africains, mais aussi pour d'autres régions qui pourraient chercher à améliorer leurs relations diplomatiques avec l'Afrique", explique le chercheur Alex Vines.

Pour lui, les Emirats arabes unis, la Turquie, l'Inde, la Russie, les Etats du Golfe et les Etats européens seront d'autant plus à la recherche d'opportunités sur le continent.

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Marco Wolter Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_francais