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À Goma, les rebelles organisent la vie par la contrainte

26 février 2025

Dans les zones contrôlées par le M23, le mouvement rebelle instaure sa propre administration. Si certains services fonctionnent, l’adhésion de la population semble forcée.

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RDC Goma 2025 | Les élements rebelles du M23
Dans Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, ainsi que dans sa périphérie, la situation sécuritaire demeure préoccupante avec une "recrudescence d'actes criminels, incluant des braquages de domiciles, des vols et des agressions" qui alimentent "un climat de peur", ainsi que "des assassinats ciblés", selon Ocha.Image : AFP/Getty Images

À Goma, Julien Katembo, nommé maire par le M23, supervise des initiatives visant à restaurer un semblant de normalité à Goma. Parmi elles, des travaux communautaires d’assainissement ont été instaurés, tandis que le service de l’immigration délivre désormais des documents de voyage.

"Nous sommes en train de travailler progressivement pour faire asseoir la paix à Goma. Nous y allons doucement", affirme le nouveau maire. Son objectif affiché : stabiliser une ville marquée par les combats entre l’armée congolaise et les rebelles et qui avaient fait plus de 3000 morts selon l’Onu.

Des travaux forcés et des défis persistants

Fidèle, chauffeur de taxi-moto, reconnaît une amélioration de la sécurité sur les routes, bien que l’insécurité persiste dans certains quartiers. "Ce que nous avons remarqué ces derniers temps est différent de ce qui se passait auparavant. Mais le soir, il y a encore des cas d’insécurité dans nos quartiers", explique-t-il.

La circulation à Goma en février 2025
La vie reprend son cours à Goma, grande ville de l'est de la République démocratique du Congo (RDC) conquises par le groupe armé M23 allié à des troupes rwandaises, mais la criminalité y a augmenté, selon l'agence humanitaire de l'ONU.Image : Jia Nan/Imago

Chaque samedi matin, de 6h30 à 11h, les habitants sont réquisitionnés pour nettoyer la ville. Si cette initiative contribue à l’assainissement de Goma, le volontariat semble relatif.

Anne Mashagiro, responsable d’une avenue du quartier Katoyi, l’admet : "Il faut un peu de fouet pour qu’un enfant soit en ordre ! Il leur a été dit que tout le monde doit effectuer ces travaux et tout le monde est mobilisé. Les nouvelles autorités ont décidé d’allonger les horaires, et nous devons respecter cela."

L’administration rebelle facilite également l’obtention de documents de voyage, permettant des déplacements plus aisés entre Goma et les pays voisins. Samuel Nyiransabimana, un habitué de la frontière rwandaise, se réjouit : "Avant, il fallait attendre une semaine pour obtenir un document. Aujourd’hui, avec dix dollars, il est délivré immédiatement à la frontière."

Une gestion par la force ?

Si certaines mesures sont bien accueillies, des organisations de défense des droits humains dénoncent des pratiques coercitives. Selon plusieurs témoignages, des habitants réfractaires aux travaux communautaires auraient été battus par les soldats du M23.

Entre pragmatisme et intimidation, la nouvelle administration tente de s’imposer. Reste à savoir si cette gestion rebelle pourra durer face aux tensions persistantes avec le gouvernement central.