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Espoir et doute face à la descente aux enfers des dos Santos

25 septembre 2018

Le président João Lourenço boucle sa première année à la tête du pouvoir. En un an, il a fait rendre gorge à plusieurs barons de l'ancien système dont Jose Filomeno dos Santos, fils de l'ex-président Jose Edouardo.

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Angola José Filomeno dos Santos Archiv 2011
Image : DW/A. Cascais

Alexandre Solombe : "l’arrestation de Jose Filomeno dos Santos ne signifie pas que la lutte contre la corruption est déjà gagnée"

Le président João Lourenço boucle sa première année à la tête du pouvoir mais il doit encore prouver que le changement prôné est vraiment là. Or les premières arrestations dans le cadre de sa politique anti-corruption forcent le détour. Plusieurs gouverneurs de provinces, ministres et fonctionnaires ont perdu leur poste.

 

Angola Ana Paula dos Santos
Image : picture-alliance/dpa/P. Novais

Descente aux enfers pour la famille dos Santos

Isabel dos Santos, la fille de l'ex-président, a été limogée de la tête de la compagnie nationale de pétrole. José Filomeno dos Santos s'est aussi vu retirer la direction du fonds souverain angolais doté de cinq milliards de dollars avant de se retrouver lundi (24.09.) aux arrêts. Il y a trois ans, quand on parlait de la succession de son père, c'est lui que tout le monde voyait.

Avec son arrestation, Nelson Domingos, juriste angolais pense que "c'est un développement qui, il y a un an encore, était inimaginable. Ce n'est pas uniquement la famille dos Santos qui est dans le pétrin, mais aussi d'autres personnes puissantes. Lourenço avait annoncé que sa politique anti-corruption n'épargnerait pas les membres du MPLA. Nous voyons aujourd'hui les premiers résultats de cette politique."

Une politique introduite par l'arrivée au pouvoir de João Lourenço qui vient d'être porté à la présidence du parti présidentiel MPLA.

 

Angola Wahlkampf Joao Lourenco MPLA

Des doutes subsistent

Le journaliste Alexandre Solombe se veut prudent. Il fait partie de ceux qui en Angola continuent de douter que la politique anti-corruption du nouveau président est sincère.

"Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions" estime-t-il avant de poursuivre. "On ne doit pas oublier que le thème de la lutte contre la corruption n'est pas nouveau en Angola. Mais les déclarations n'ont donné lieu qu'à un feu de paille. L'arrestation de Zénu (surnom de Jose Filomeno dos Santos, Ndlr) ne signifie donc pas que la lutte contre la corruption soit déjà gagnée." 

Une méfiance répandue au sein de la société civile angolaise. Certains disent que le président João Lourenço pourrait être tenté de remplacer l'ancienne "cleptocratie" par une nouvelle. C'est aussi ce que redoute l'avocat Zola Bambi. "La probabilité que João Lourenço fasse plus tard comme son prédécesseur est grande. Notre constitution attribue trop de pouvoir au président. En Angola, le président est quasiment un empereur", assure-t-il dans une interview accordée à la DW.

Alors que José Filomeno dos Santos attend de connaître son sort judiciaire, Isabel dos Santos n'est pas rentrée en Angola depuis plusieurs mois. Officiellement, elle effectuerait des voyages d'affaires entre Londres et Lisbonne. Après l'arrestation de "Zénu" dos Santos, son séjour à l'étranger pourrait se rallonger.

Jose Filomeno dos Santos, un jeune milliardaire

José Filomeno dos Santos est âgé de 40 ans. Il a débuté en 2008 une carrière foudroyante quand il crée la Bianco Kwanza Invest, la première banque d'investissement en Angola. Parallèlement il crée la Fondation africaine de l'innovation basée à Zurich et qui a pour but selon les propres mots de José Filomeno dos Santos, "la promotion et l'assistance à des projets concernant le développement durable des pays du continent africain".

Mais cette structure attire très vite la curiosité de la justice suisse qui lance une procédure pour blanchiment d'argent. Cependant, la procédure s'arrête aussi rapidement. À l'âge de 35 ans, José Filomeno dos Santos prend en 2013 la tête du Fonds souverain angolais. Plus de la moitié du fonds est affectée à une société financière, Quantum Global, créée par le Suisso-Angolais Jean-Claude Bastos de Morais, un fidèle partenaire d'affaires de dos Santos fils.

En dehors de lui, l'ex-banquier allemand Ernst Welteke a été pendant des années membre du cercle rapproché de "Zénu" dos Santos.

Photo de Fréjus Quenum, en interview dans le studio de la Deutsche Welle à Kinshasa en RDC (05.12.2024)
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum