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L'enseignement gratuit mis à mal dans l'est de la RDC

Pascal Mapenzi
4 septembre 2025

Les rebelles du M23 ont décidé d'imposer des frais de scolarité dans les écoles privées et publiques des territoires sous leur contrôle. Au grand dam des parents.

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Salle de classe à Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo
Selon l'article 28 de la Convention internationale des Droits de l'Enfant, chaque enfant a droit à l'éducation et à des possibilités d'apprentissage de qualitéImage : Thomas Einberger/Brot für die Welt

L'arrêté a été rendu public le 30 août 2025 à Goma. Il précise que les frais qui seront payés, à partir de cette année scolaire, dans le primaire, seront destinés aux bureaux de gestionnaires d'écoles publiques, au fonctionnement des écoles et à l'appui social des enseignants.

Les familles en quête de solutions

Alors que la scolarité était auparavant gratuite, il s'agit d'une mauvaise nouvelle pour Claude Ndaghala, qui venait d'inscrire ses trois enfants dans une école primaire à Mambasa, une localité du sud du territoire de Lubero, dans le Nord-Kivu.

Depuis janvier dernier, Mambassa est sous le contrôle du M23. Devant l'avancée des rebelles, Claude et sa famille avaient préféré fuir à Butembo, à environ 50 kilomètres de la ville de Lubero, chef-lieu du territoire du même nom.

"On n'était plus habitués à payer des frais à l'école primaire"

Il y a une semaine, la famille de Claude a décidé de rentrer à Mambassa pour réinscrire ses enfants. Mais à l'annonce de la mesure demandant aux parents de payer pour la scolarité, Claude a décidé de ramener sa famille à Butembo, où il espère bénéficier de la gratuité de l'enseignement.

"Nous sommes revenus au village à cause de la rentrée scolaire, mais il est difficile de rester ici. Nous avons tout perdu pendant la guerre et il sera difficile de trouver de l'argent. Voilà pourquoi j'ai décidé de ramener mes enfants à Butembo. On n'était plus habitués à payer des frais à l'école primaire".

Faustin Kambere, de la société civile au sud de Lubero, se souvient qu'au cours de l'année scolaire passée, de nombreuses écoles primaires et secondaires, dans les localités du sud du territoire de Lubero, ont dû fermer leurs portes à la suite de l'offensive du M23.

Conséquences graves

Alors que ces écoles tentent de démarrer la nouvelle année scolaire, depuis le 1er septembre, Faustin Kambere craint que des milliers d'enfants n'abandonnent l'école, leurs parents n'étant pas en mesure de supporter les frais scolaires.  

"La vie que les parents mènent est difficile, surtout dans les zones occupées par le M23. Les parents se disent discriminés par cet arrêté, ils se disent frustrés parce qu'ils n'ont pas de moyens suffisants. C'est une situation qui risque de provoquer l'abandon pléthorique des enfants dans les écoles primaires".

A Goma, manque de moyens pour envoyer les enfants à l'école

Au cours d'un briefing de presse, tenu le 2 septembre à Kinshasa, le ministre de l'Intérieur a également exprimé ses inquiétudes. Jacquemin Shabani regrette la décision du M23, en contradiction avec la politique nationale de gratuité.

"Malheureusement, nos enfants qui sont dans les territoires occupés ne bénéficient pas de la gratuité de l'enseignement, ce qui aura un impact considérable sur le système éducatif national".

En RDC, la gratuité de l'enseignement primaire est effective depuis 2019 et elle vise à favoriser l'accès de tous les enfants à l'éducation.

Dans un communiqué, ce 3 septembre, la ministre de l'Education nationale a rappelé qu'aucun frais ne peut être exigé aux parents, dans les écoles primaires publiques et que toute tentative est considérée comme une "rançon illégale et inconstitutionnelle".