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En Ouganda, des mères défient la loi anti-gay

16 mai 2025

Dans ce pays où la législation contre l'homosexualité est l'une des plus répressives au monde, certains parents défient l'Etat et la société pour soutenir leur enfant homosexuel.

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Kenya | Des Ougandais LGBTQ+ en fuite cherchent refuge à Nairobi
Certains Ougandais homosexuels ont fui vers le Kenya voisin, où ils espèrent vivre en sécurité.Image : Brian Inganga/AP Photo/picture alliance

En Ouganda, l'un des pays où la législation contre l'homosexualité est l'une des plus répréssives au monde, la résistance s'organise petit à petit : certains parents défient l'Etat et la société pour apporter soutien et affection à leur enfant homosexuel.

La voix de Mama Joseph ne tremble pas quand elle raconte son histoire et celle de son fils. Elle explique qu'ils n'ont jamais quitté l'Ouganda et que pour elle, il n'y a pas de contradiction entre le fait d'être homosexuel et africain : 

"Les gens disent que l'homosexualité n'est pas africaine mais je sais que ce n'est pas vrai. Je n'ai pas élevé mon enfant avec des programmes de télévisions étrangères. Des programmes où on dit qu'ils auraient pu apprendre à être gay. Il n'est pas non plus allé dans un internat où, selon certains, de telles choses se produisent. Non, je l'ai élevé ici, en Afrique et il est très homosexuel."

L'homosexualité vue comme une importation occidentale : une croyance répandue en Ouganda et que Mama Joseph n'hésite pas à combattre : "Quand les gens nous jugent, je me demande ce qu'ils entendent exactement par "non africain". Le cheminement n'a pas été simple. Être une mère africaine d'un enfant homosexuel est synonyme de douleur et d'isolement. Mais je suis fière de mon fils."

Mama Joseph précise que certains membres de sa famille l'ont menacée et que, désormais, des voisins l'évitent.

En Ouganda, des mères soutiennent leurs enfants LGBTQ+ malgré la loi anti-homosexualité
La plupart des mères avec lesquelles la DW s'est entretenue sont des pratiquantes ferventes. Elles se réunissent régulièrement pour échanger des conseils, prier et se soutenir mutuellement.Image : DW

La parole se libère

Mais elle n'est pas la seule à apporter à son enfant un soutien que l'État lui refuse. Mama Arthur, elle aussi, a choisi d'aimer son fils plutôt que de céder à la peur"Lorsqu'un enfant découvre sa sexualité, ce n'est pas facile au début. Pour beaucoup d'entre nous, parents, les débuts sont les plus difficiles. Mais avec le temps, vous commencez à parcourir ce chemin ensemble et vous apprenez à connaître votre enfant à un niveau plus profond et cela rapproche."

Les mots de Mama Joseph et Mama Arthur sont représentatifs d'un changement de mentalité dans certaines familles ougandaises. Et ces mères ne se contentent pas d'agir que chez elles : de plus en plus, elles s'expriment aussi lors de forums publics et de rassemblements communautaires. Un acte courageux car il implique souvent de l'incompréhension, du rejet et de l'animosité.

En Côte d'Ivoire, les homosexuels demandent plus de protection

Un acte qui dépasse aussi la seule question sociétale car pour Mama Joshua par exemple, une autre mère concernée, ces enfants LGBTQ+ sont des cibles faciles, utilisées par le gouvernement ougandais, pour masquer ses échecs en matière de gouvernance.

Discriminations en hausse

Depuis la promulgation de la loi portant sur la répression de l'homosexualité en mai 2023, les rapports d'incidents impliquant des violences et des discriminations ont augmenté selon plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme.

L'an dernier, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme avait demandé l'abrogation de la loi. Mais jusqu'ici, le gouvernement ougandais est resté inflexible, défendant sa législation comme une sauvegarde des "valeurs africaines".

A noter que le 17 mai, c'est la Journée mondiale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie. L'occasion, à travers des campagnes et des initiatives, de dénoncer les discriminations envers les personnes LGBTQ+ et de promouvoir leur inclusion.

Auteur : Andrew Wasike, DW Nairobi | Adaptation : Konstanze Fischer