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Élections allemandes et politique étrangère

21 février 2025

La guerre en Ukraine, le conflit israélo-palestinien, l’arrivée de Donald Trump à la Maison blanche, des défis qui attendent le futur gouvernement allemand.

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Scholz et Merz lors d'un débat télévisé en février 2025
Le prochain gouvernement sera confronté à d'énormes défis en matière de politique étrangère avec la guerre en Ukraine, le conflit israélo-palestinien et l’arrivée de Donald Trump à la Maison blancheImage : Kay Nietfeld/dpa/picture alliance

C'est ce dimanche (23 février) qu’on vote en Allemagne pour des législatives anticipées.

Les sondages placent en tête les conservateurs de la CDU/CSU avec environ 30% des voix, suivis du parti d’extrême droite AfD, crédité de 20 à 22% des intentions de vote, puis des sociaux-démocrates du chancelier sortant, Olaf Scholz, qui arriveraient à la troisième place avec (15 à 16%). 

Quelle que soit l'issue de ces élections, le prochain gouvernement allemand sera confronté à d'énormes défis en matière de politique étrangère avec notamment la guerre qui se poursuit en Ukraine, le conflit israélo-palestinien et l’arrivée de Donald Trump à la Maison blanche. 

Ne plus compter sur Washington

Depuis la Seconde Guerre mondiale et pendant de longues décennies, les grandes décisions de politique étrangère étaient prises en Allemagne (de l’ouest) en collaboration avec les pays occidentaux amis. Les Etats-Unis étaient même garants de la sécurité de la RFA.

Les choses sont en train de changer. 

Olaf SCHOLZ et  Donald Trump à Hambourg le 14 juillet 2017
Avec Donald Trump, c'est une nouvelle page qui s'ouvre dans les relations entre les Etats-Unis et l'EuropeImage : Malte Ossowski//SvenSimon/picture alliance

Lors de la Conférence sur la sécurité de Munich (MSC), le nouveau vice-président américain, J.D. Vance, a annoncé que l'Europe devait désormais assumer le coût de sa propre défense et prendre ses responsabilités en la matière.

Irrité par les déclaration américaines, Friedrich Merz, donné favori pour devenir le prochain chancelier allemand, s'est exprimé au micro de la DW.

Le président de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) dénonce l''intrusion de certaines autorités américaines dans la politique intérieure allemande.

"Oui, le moment est historique. Les garanties de sécurité américaines sont remises en question et les Américains remettent en question les institutions démocratiques. Et ils s'immiscent ouvertement dans une élection, y compris dans la gestion des partis démocratiques. Et je dois dire que cela m'irrite. Cela ne me surprend pas, parce que c'était annoncé, mais je le rejette fermement."

L'expert en politique étrangère du groupe parlementaire CDU au Bundestag, Roderich Kiesewetter, plaide pour une politique qui replace les intérêts étatiques et économiques au centre : "Dans le cas contraire, dit-il, les répercussions économiques seront massives et l'Otan perdra son effet dissuasif".

Pour y parvenir, Roderich Kiesewetter préconise une "réorientation stratégique et politique claire de la politique étrangère et de sécurité" de l'Allemagne.

Ukraine et défense européenne

Sur la politique ukrainienne, rien ne sera probablement plus comme avant.  Après l'invasion russe de l’Ukraine, l'Allemagne était, après les Etats-Unis, le plus grand soutien militaire de l'Ukraine, et première pour l'accueil des réfugiés.

Aujourd'hui, un accord sur la fin de la guerre est en passe d’être négocié exclusivement par les Etats-Unis et la Russie.

L'Allemagne et d'autres pays européens pourraient être chargés de garantir l’application de cet accord avec leurs propres soldats.

L'actuel chancelier Olaf Scholz (SPD) dénonce cependant une paix qui serait imposée à l'Ukraine.

"Nous devons continuer à soutenir l'Ukraine et elle doit - et peut - compter sur nous pour que ce soit le cas. Nous saluons le fait qu'il y ait des discussions de paix. Mais pour nous, il doit être clair - et il est clair- que cela ne signifie pas qu'il peut y avoir une paix dictée et que l'Ukraine doit accepter ce qu'on lui présente."

Deux chars Leopard 2 au bataillon de chars 203 de la Bundeswehr à la caserne du maréchal Rommel à Augustdorf, en Allemagne, mercredi 1er février 2023
L'Allemagne devra investir beaucoup pour assurer sa défense Image : Martin Meissner/AP Photo/picture alliance

Pour sa défense et celle de l'Europe, le prochain gouvernement devra renforcer les capacités de la Bundeswehr, l’armée allemande.

Le député Toni Hofreiter des Verts chiffre déjà les besoins financiers à 500 milliards d'euros, une somme vertigineuse.

Pour Friedrich Merz, le réarmement allemand n'est pas seulement important dans la perspective de l'Ukraine : "C'est la paix en Europe face à une agression russe qui nous touche chaque jour, ici aussi, en Allemagne. Avec la mise en danger de notre infrastructure, avec la mise en danger de nos réseaux de données, avec la mise en danger des câbles de données à travers la mer Baltique."

Depuis l'été 2022, il existe un fonds spécial d'environ 100 milliards d'euros pour le réarmement de la Bundeswehr, mais il sera épuisé en 2028. Les dépenses pour l'armée pourraient alors passer d'environ 50 milliards d'euros par an à 80, voire 90 milliards.

En ce qui concerne le Proche-Orient, en revanche, l'influence allemande restera, comme par le passé, plutôt faible. Le futur gouvernement s'orientera aussi vers la "solution à deux Etats" : un Etat israélien et un Etat palestinien.

La ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock évoque sans cesse une Europe unie comme réponse aux changements dans le monde.

"Nous sommes 450 millions de personnes. Nous sommes le plus grand marché intérieur commun au monde. Nous avons conclu de nouveaux partenariats. Et nous devons maintenant utiliser tout cela ensemble et ne pas nous perdre dans les détails", dit Annalena Baerbock.

Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle