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Les populations fuient les villages anglophones au Cameroun

4 février 2020

Au fur et à mesure qu’approchent les élections législatives et municipales du 9 février, la peur des violences gagne les habitants des régions anglophones où les séparatistes ont pris les armes.

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Kamerun Flüchtling Ernestine Acha
Image : Getty Images/AFP/B. Olomo

Kamerun Limbe 18h - MP3-Stereo

Dans un bâtiment R + 1 encore en chantier à Limbe, dans le sud-ouest anglophone, une trentaine de personnes squatte. Elles ont fui le village d’Ekona, près de Buea, pour se regrouper ici. L’un de ces déplacés internes affirme qu’ils vivent dix-huit dans un appartement de l’immeuble.

Les commodités n’existent pas ici. L’homme nous conduit derrière ce bâtiment en construction, où il montre un ruisseau couvert d’algues et autres détritus urbains :

"Nous utilisons cette eau pour cuisiner, et pour nous laver. Mais quand nous avons soif, nous allons très loin chercher de l’eau fraîche."

Suite à la crise anglophone, ils sont plusieurs centaines de déplacés internes à vivre ainsi, dans différents quartiers de la ville balnéaire de Limbe. 

Ces derniers jours, les arrivées dans cette ville sont massives. Les populations désertent les villages de l’arrière-pays, au fur et à mesure qu’approche le double scrutin du 9 février prochain. Ketcha Chi Derrick, un habitant de Limbe, témoigne : 
 

"Les gens sont en train de fuir leurs villages, abandonnant leurs maisons. Et quand ils restent ici, ils n’ont rien à manger. Ils n’ont pas où dormir. Et ils sont bloqués."

La peur gagne les populations

Evoquant les élections législatives et municipales, Ketcha Chi Derrick poursuit :

"Les gens ont très peur, peur d’aller même vaquer à leurs activités quotidiennes. Plus encore, pour les élections qui approchent, les gens ont peur de sortir ce jour-là pour voter."

Le propriétaire de l’immeuble est débordé et dépassé par les événements. Il se dit ruiné par la présence des personnes déplacées internes qui occupent son immeuble :

"Ils sont venus, je suis allé dans ma plantation pour récolter de la nourriture, récolter du plantain, récolter de l’igname, chercher un peu d’argent, acheter du poisson séché à Down Beach, et leur donner. Maintenant, je n’ai plus d’argent."

Face à ce flux de populations dans la petite ville de Limbe, et l’imminence du double scrutin du 9 février, les autorités déploient des moyens militaires sur le terrain. 

Pas un kilomètre sans un dispositif sécuritaire : soldats armes au poing, véhicules militaires en patrouille, dressant des mitraillettes et des rubans de munitions sur leurs toits.
 

Vue arienne sur un carrefour de Douala la nuit
Henri Fotso Correspondant au Cameroun pour le programme francophone de la Deutsche Welledwfrancais