Effondrement meurtrier d'une mine d'or au Mali
17 février 2025Le Mali de nouveau endeuillé. Ce week-end, au moins 48 personnes sont mortes dans un effondrement sur le site d'une mine d'or exploitée illégalement par une entreprise chinoise, dans l'ouest du pays. Comment expliquer la récurrence de ces éboulements meurtriers? Voici les éléments d'explication de Mohamed Amara, enseignant à l’université des lettres et des sciences humaines de Bamako. Il est aussi l'auteur des ouvrages intitulés "Le Mali rêvé" et "Les Marchands d’angoisse, le Mali tel qu’il est, tel qu’il devrait être" aux Editions de l'Harmattan.
Interview
Mohamed Amara : Ce sont des mines d'or artisanales qui échappent à tout contrôle juridique et étatique.
Donc des mines qui sont exploitées par des sociétés parfois qui ne sont pas répertoriées comme telles. Qui dit vide juridique, qui dit manque de réglementation ou de normes, dit quelque part une espèce de laisser-aller puis d'abus des sociétés qui exploitent sur les personnes qui sont exploitées, en tout cas qui travaillent dans ces mines.
La deuxième explication par rapport à tout ça, c'est quand il dit quelque chose d'une espèce d'inégalité sécuritaire qui existe entre les zones rurales et les zones urbaines. Ce qui explique aussi la constitution, voire même la contribution des États africains, en l'occurrence ici l'État malien depuis les années 60, où le rural est abandonné au profit de l'urbain.
DW : Les victimes sont essentiellement des jeunes femmes. Est-ce qu'elles ont bénéficié de la complicité tacite ou active des des autorités politiques au niveau local ?
Mohamed Amara : On peut faire l'hypothèse qu' il y a des complicités entre ces sociétés minières et une partie des sociétés ou des groupes, voire des villageois.
Et d'autres où chacun essaie de tirer la couverture à lui.
DW : Dans un rapport de 2023, la Banque mondiale rappelle que le secteur minier est un pilier fondamental de l'économie malienne. L'or contribue, selon la Banque mondiale, à un quart du budget national du Mali. N'est-il pas temps que les autorités maliennes de la transition prennent ce secteur à bras le corps ?
Mohamed Amara : C'est vraiment le le le on va dire le le le nerf de la guerre, en tout cas de l'économie malienne, et qu'il est important parce que c'est là où tout le monde espère trouver quelque chose au sens de travailler, de vivre et puis de s'occuper de sa famille.
Or, on sait tous que dans ces mines, les conditions de vie sont désastreuses d'un point de vue sanitaire, mais aussi d'un point de vue exploitation des uns par les autres.