Dans un contexte où les systèmes de santé africains font face à des défis structurels majeurs, l’innovation technologique devient un levier stratégique. Au Cameroun, la start-up Leevlong propose une solution audacieuse : un dispositif de télésurveillance médicale capable de suivre en temps réel les paramètres vitaux des patients. Ce progrès technologique ouvre de nouvelles perspectives pour la prise en charge médicale à distance, notamment dans les zones enclavées.
Le kit développé par la healthtech se présente comme une solution intégrée alliant objets connectés et interfaces numériques — mobiles et web — pour assurer un suivi en temps réel des paramètres vitaux et renforcer l’interaction entre patients et professionnels de santé.
Il se décline en trois types de supports portables (bracelet, brassard et débardeur) couplés à un dispositif intelligent capable de mesurer des données physiologiques telles que la tension artérielle, la fréquence cardiaque ou la température corporelle. Ces données sont transmises en temps réel via Wi-Fi, Bluetooth ou réseau GSM, avec un système d’alerte automatique déclenché en cas de dépassement des seuils critiques.
L’application mobile dédiée aux patients permet non seulement de visualiser leurs constantes vitales en temps réel, mais aussi de recevoir des notifications et recommandations médicales en cas d’anomalie. Elle intègre également des services de téléconsultation, des forums d’échange avec les professionnels de santé, ainsi qu’un module de gestion des prises de médicaments et des rendez-vous médicaux. Cette télésurveillance constante optimise la réponse médicale, tout en contribuant à améliorer la qualité de vie des patients chroniques, notamment par des recommandations de santé personnalisées.
Mais l’innovation technologique seule ne suffit pas : sa viabilité dépend aussi d’un modèle économique robuste et les jeunes entrepreneurs l’ont bien compris.
En collaborant avec des hôpitaux, des pharmacies, et en misant sur le e-commerce, la start-up adopte une stratégie multicanale pour démocratiser l’accès à son dispositif. L’enjeu est clair : allier rentabilité et accessibilité, dans un secteur aussi sensible que celui de la santé. Cependant, plusieurs obstacles se dressent encore sur la route de cette jeune pousse.
La réglementation, la cybersécurité et la fiabilité des données collectées restent au cœur des préoccupations de l’équipe. Le respect de ces exigences conditionnera leur adoption par les établissements hospitaliers.
Au début de l'année 2025, à la 2e édition de l’Orange Summer Challenge, un concours international dédié à l'entrepreneuriat responsable en Afrique et au Moyen-Orient, la solution camerounaise a remporté le 3e prix. Et pour accélérer leur croissance, les jeunes fondateurs de Leevlong misent également sur des partenariats avec des assurances, des hôpitaux et des fonds d’investissement.
Cliquez sur l’image pour écouter les explications des membres fondateurs de la jeune pousse camerounaise.
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Crise bancaire à l’Est de la RDC : des conséquences qui débordent jusqu’au Burundi
L’occupation des villes de Goma et de Bukavu par les rebelles du M23 a entraîné la fermeture des banques dans les zones sous leur contrôle. Une situation qui paralyse les transactions financières et prive les fonctionnaires, commerçants et habitants de l’Est de la RDC d’accès à leurs ressources financières.
Les répercussions de cette crise bancaire ne s’arrêtent pas aux frontières congolaises. À Bujumbura, capitale du Burundi, les effets se font déjà sentir. Des réfugiés congolais, tels que Bahati Mwamba, ancien enseignant de Bukavu, témoignent de leurs difficultés à percevoir leurs salaires et s’interrogent sur l'inaction des autorités de Kinshasa.
La fermeture des établissements bancaires bloque également les circuits de distribution des marchandises. Pour le secrétaire exécutif de l’Association des petits commerçants burundais, Polycarpe Kubwayo, cette situation compromet les échanges entre les deux pays : « Goma et Bukavu étaient des débouchés importants pour les produits burundais. Aujourd’hui, ils ne sont plus accessibles. »
Face à l’impasse, de nombreux Congolais à Bujumbura misent sur les transferts d’argent via téléphonie mobile, souvent réalisés dans l’illégalité en raison des restrictions imposées par les régulations bancaires. Winny Mabunda, originaire de Bukavu, y voit une solution de survie, bien que précaire : « La monnaie ne circule plus, nous vivons au jour le jour grâce à la solidarité numérique. »
La crise touche aussi les entrepreneurs. Christian Sadi Gatoro, président des jeunes entrepreneurs de l’Est de la RDC, alerte sur les conséquences économiques : difficulté de transferts bancaires, effondrement du taux de change à Uvira et ralentissement des flux commerciaux.
Avec la baisse des transferts de fonds et la rareté du dollar sur les marchés burundais, les bureaux de change souffrent à leur tour. Le ralentissement du transport entre l’est de la RDC et Bujumbura depuis janvier aggrave encore la situation.
À l’heure où les négociations peinent à aboutir, les populations civiles restent les premières victimes d’une crise financière à effets multiples, qui révèle la vulnérabilité des économies régionales face aux conflits armés.
Cliquez sur l’image pour écouter le reportage d’Antéditeste Niragira, le correspondant de la DW au Burundi.