Des présumés FDLR remis aux autorités rwandaises par le M23
3 mars 2025Le 01.03 au poste frontière entre Goma en RDC et Gisenyi au Rwanda, le M3 qui a repris les armes contre le gouvernement congolais et qui s'est emparé de grandes villes de l’Est du pays a remis à l’armée rwandaise 20 personnes présentées comme des combattants des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).
La réaction de l’armée congolaise n’a pas tardé après l’annonce de la remise au Rwanda de présumés combattants des FDLR. Pour les FARDC, il est question d’un "montage grossier" destiné à discréditer le pouvoir de Kinshasa.
La présence active des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), fondées par d'anciens responsables hutu rwandais du génocide des Tutsi de 1994, est une des raisons avancées par Kigali pour justifier la présence de ses troupes sur le sol congolais.
Le général Ezéchiel Gakwerere et une dizaine de combattants FDLR ont été remis à l’armée rwandaise. Le général Ezéchiel est une des figures emblématiques des FDLR et l’homme est cité dans des documents du Tribunal pénal international pour le Rwanda.
"Je suis au Congo depuis le début de cette guerre. J'ai été capturé il y a quelques jours par la force du M23,"a déclaré le général FDLR au moment où il a été remis aux autorités rwandaises.
L’armée rwandaise salue son arrestation et parle de geste « héroïque ». Pour le colonel Joseph MWESIGYE grâce à cette opération "leur tâche est maintenant amoindrie."
"Le fait que le M23 s'est battu jusqu'à capturer ces rebelles, résulte de l'attitude que ces FDLR affichaient en tuant des congolais et en les maltraitant. Mais tout ce que les FDLR faisaient là-bas, c'est ce qu'ils préparaient de faire ici au Rwanda. En bref, notre travail vient d'être facilité par le M23 et nous sommes contents"
Des opérations militaires conjointes peu fructueuses
La présence des FDLR sur le sol congolais a toujours fait l’objet de crispations entre le Rwanda et la RDC. En 2009, des opérations militaires conjointes (Umoja Wetu 1 et 2) ont été lancées par les deux pays pour traquer les FDLR. Bien que ces opérations aient été menées, il n’en demeure pas moins qu’à ce jour, ils restent présents en RDC.
Pour le professeur Kaganda Philippe, directeur du centre de recherche d'Études sur les Conflits et la Paix dans la Région des Grands Lacs ( CRECOPAX - GL), le message du M23 est de montrer que les FDLR font partie des objectifs de la guerre.
"En tant que symbole, c'est de montrer que les allégations ou les accusations formulées par le gouvernement rwandais ne sont pas infondées quelques que soit le nombre (de FDLR remis au Rwanda, Ndlr). Qu'il y en ait dix ou deux, c'est de faire passer le message qui importe," précise l’enseignant.
Le professeur Kaganda revient aussi sur la capacité de nuisance attribuée aux FDLR et les initiatives infructueuses mises en place pour neutraliser le mouvement
"Tous les mécanismes mis en place n'ont pu réussir à les neutraliser. C'est une force qui est là mais en même temps on dirait qu'il n'y a pas une volonté collective pour y mettre fin."
Dans un entretien accordé à la DW, la porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo a affirmé que le Rwanda aurait préféré collaborer avec les autorités congolaises pour gérer la question des FDLR. Pour elle, le gouvernement congolais est responsable de la survie des FDLR depuis toutes ces années.