Le fleuve Niger, route alternative aux frontières fermées
19 février 2025Des embarcations chargées de véhicules, en provenance du Bénin, traversent quotidiennement les méandres du fleuve Niger pour gagner le Niger, transitant par le Nigeria voisin. Ce trafic fluvial triangulaire, d'une ampleur considérable, pose des problèmes de sécurité car les véhicules sont chargés sur des pirogues qui menacent de chavirer.
Ainsi, à Jirawa, une pirogue d'environ six tonnes s'approche, transportant deux véhicules, une Toyota Hilux et une Kia, en provenance du Bénin. Les conducteurs descendent les automobiles de la pirogue à l'aide d'un débarcadère modeste, sous la supervision d'une dizaine de dockers qui facilitent la manœuvre.
Boureima Hamadou affirme être parti du port de Cotonou) vers 16 heures : "Je suis arrivé aux environs de trois heures du matin à Bouzécali. Nous avons embarqué à Ganda Gabi, en venant de Garou Tégui (proches de Malanville au Bénin, ndlr). La traversée a été difficile en raison de la crue. L'embarquement a été particulièrement compliqué et a duré trente minutes, car les dockers avaient mal fixé les cordes, ce qui a fait glisser un véhicule. Ils ont dû revoir leur technique pour finalement réussir l'embarquement."
Fermeture des frontières terrestres
Ces transporteurs empruntaient auparavant la voie terrestre pour rejoindre le Niger depuis le port de Cotonou, au Bénin. Mais la fermeture de la frontière entre le Bénin et le Niger les a forcés à traverser le fleuve Niger illégalement.
C'est une situation inédite et surtout risquée, nous confie Mamane, qui connait bien le fleuve. Selon elle, "la fermeture des frontières a contraint les habitants de cette zone à utiliser des pirogues pour transporter des véhicules. Malheureusement, cette pratique entraîne une augmentation des accidents, surtout en cette période de l'année. Cependant, toutes les mesures sont prises pour prévenir ces accidents. Nous veillons à ce que les pirogues ne dépassent pas le poids limite autorisé. Le respect de cette consigne est essentiel pour assurer la sécurité de tous. L'embarquement et le débarquement des véhicules se font à l'aide de planches, une méthode que nous utilisons couramment ici".
Transport des véhicules
Cette traversée représente en revanche une opportunité pour les piroguiers, comme le rappelle Souley Ousmane, leur représentant. "Nous limitons le nombre de véhicules à deux par pirogue, explique-t-il. Si nous rencontrons un problème, nous nous arrêtons immédiatement pour le résoudre. La plupart de nos chauffeurs sont des professionnels expérimentés et calmes. Pour ceux qui débutent, nous avons mis en place un encadrement spécifique pour garantir une traversée en toute sécurité. Le tarif est de 25.000 francs par véhicule, pour une durée maximale de quarante minutes. Par mesure de sécurité, nous interrompons les traversées à midi. Aucun véhicule n'est accepté après cette heure, la reprise se fait le lendemain".
Un conducteur, qui a souhaité conserver l'anonymat, avec les documents de son véhicule en main, nous explique que les véhicules qui viennent du port de Cotonou passent par le Nigeria, avant d'entrer au Niger : "Ceux que beaucoup d'entre nous ignorent, c'est que les véhicules ne viennent pas sur transit Niger, ils viennent sur transit Nigeria, ça veut dire que c'est comme une traversée triangulaire."
Mais cette voie fluviale n'est pas le choix préféré des conducteurs. Ces derniers, à l'instar de Souley Ousmane, leur représentant, expriment clairement leur préférence pour la voie terrestre qui présente moins de dangers.