En Guinée, la transition réprime les voix dissidentes
26 juin 2025Le 9 juillet prochain, cela fera un an jour pour jour, que Oumar Sylla alias Foniké Mengué et Mamadou Billo Bah ont été enlevés par des hommes encagoulés. Les deux activistes de la société civile de Guinée sont des critiques du régime militaire en place. Depuis, ils n’ont plus donné signe de vie et aucune information fiable n’a filtrée.
Maître Halimatou Camara, du pool d’avocats des deux portés disparus, explique que "depuis les annonces faites par le procureur général près la Cour d’appel de Conakry dans le cadre de Foniké et Billo en date du 17 juillet 2024, aucune suite n’a été donnée à cette affaire".
L’opinion publique continue de s’interroger sur le sort de Foniké Mengué et de Billo Bah, mais aussi celui du journaliste Habib Marouane Camara, lui aussi critique envers le pouvoir de Conakry. Il a disparu à son tour au mois de décembre 2024. Là aussi, aucun signe de vie depuis.
En février dernier, c’est au tour de Abdoul Sacko, le coordinateur du Forum des forces sociales de Guinée, d’être enlevé en pleine nuit à son domicile par un “Commando d’une dizaine de personnes encagoulés”. Il sera par la suite battu et abandonné à Forécariah, à une centaine de kilomètres de Conakry.
Inquiétudes de rapporteurs de l’Onu
Un groupe d’experts des Nations unies a exprimé des inquiétudes quant aux "allégations d'enlèvement, de disparition forcée et de torture” d’Abdoul Sacko, ainsi que “la disparition forcée prolongée” d’Oumar Sylla et Mamadou Billo Bah.
Les trois rapporteurs spéciaux de l’Onu disent avoir saisi les militaires guinéens sur les présumés cas de disparition forcée. La lettre, écrite en avril, a été rendue publique cette semaine après 60 jours sans réponse.
L’un des cas de violation des droits humains en Guinée les plus récents et l’un des plus commentés remonte à lundi (23.06.2025), lorsque l’avocat Mohamed Traoré a été lui aussi kidnappé la nuit par des inconnus à son domicile à Conakry et battu, avant d’être relâché à Coyah en périphérie de la capitale guinéenne.
La victime, Maître Mohamed Traoré avait démissionné du Conseil national de la transition (CNT), le parlement de transition, en début d’année, en dénonçant la durée de la transition, qui devait initialement prendre fin en décembre 2024.
Une répression ciblée
Pour Ibrahima Balaya Diallo, le porte-parole du Forum des forces sociales de Guinée, cette répression vise une catégorie bien distincte. "On est en train d’astreindre tous les acteurs sociopolitiques au silence. Et je crois que malgré toute la répression de la machine du CNRD, il y aura toujours des gens qui vont s’opposer.”
Avec des médias fermés et des hommes politiques en prison, les cas d'atteintes aux droits humains en Guinée ne cessent de se multiplier, soulignent nos interlocuteurs. Et dans ces conditions, on ne parle pas de démocratie, conclut Maître Halimatou Camara : "Les principes de démocratie et de justice indépendante n’existent pas aujourd’hui dans notre pays".