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Sud-Kivu : les Banyamulenge réfutent tout soutien à l'ennemi

14 août 2025

Prise entre soupçons et accusations de parti pris dans la crise en cours, la minorité Banyamulenge du Sud-Kivu se défend et mise sur le dialogue.

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Des membres de la communauté Banyamulenge marchent sur un terrain vide près de Minembwe dans le Sud-Kivu (Archives, 07.10.2020)
Dans l'est de la RDC, les combats se poursuivent et l'AFC/M23 occupe toujours de vastes pans de territoireImage : Alexis Huguet/AFP/Getty Images

La crise sécuritaire qui s'est aggravée dans l'est de la République Démocratique du Congo a aussi ravivé la question de la cohabitation entre communautés. Ce mardi (12.08.2025), alors qu'ils s'étaient rassemblés dans le cadre de la commémoration du massacre de Gatumba (au Burundi en 2004), des membres de la communauté banyamulenge ont plaidé en faveur de la tolérance et la cohabitation pacifique. 

Les Banyamulenge sont une communauté minoritaire dans le Sud-Kivu, dans l'est de la RDC. Ils sont perçus comme des Tutsi, ce qui nourrit un certain rejet et la demande qu'ils retournent à leurs origines, ce qui laisse entendre qu'ils ne seraient pas des Congolais.

Une diversité revendiquée

Héritier Muhimpundu est un jeune de ladite communauté. Il ne supporte plus d'être taxé d'étranger qui soutiendrait le Rwanda : "certains se croient plus Congolais que d'autres. Ils disent que nous sommes des Rwandais ou des étrangers. Que nous avons des armes. Comme je suis en train de vous parler, me voyez-vous avec une arme ? Tout ça, c'est de la manipulation. Notre diversité, c'est ça notre richesse."

Des femmes banyamulenge assises en groupe lors d'une cérémonie funéraire (Archives)
Après l'Angola, les Etats-Unis et le Qatar se sont imposés comme de nouveaux médiateurs dans la crise entre la RDC et le RwandaImage : Alexis Huguet/AFP/Getty Images

Emile Mutware est le président de la même communauté au Sud-Kivu. Il déplore la dégradation de la situation sécuritaire dans les villages peuplés par les Banyamulenge dans les territoires d'Uvira, Fizi et Mwenga.

"Depuis 2017, il y a plus de 1.000 morts, plusieurs milliers de personnes blessées de guerre, les communautés se sont séparées, la communauté banyamulenge est restée dans un périmètre encerclé partout", se plaint Emile Mutware qui appelle la communauté internationale à agir.

"Nous appelons le gouvernement de Kinshasa à ne pas faire un blocus contre Minembwe et ses environs", insiste encore le représentant des Banyamulenge du Sud-Kivu.

La question de l'AFC/M23

Le conflit en cours et le rôle du groupe Twirwaneho, une milice qui prétend défendre les intérêts de la communauté, attise le débat sur les Banyamulenge. La progression des rebelles de l'AFC/M23 vers les territoires où vivent les Banyamulenge crée le risque d'une jonction avec le groupe Twirwaneho pour combattre les troupes gouvernementales.

Photo d'une rencontre organisée par la rébellion de l'AFC/M23 à Bukavu (Archives, février 2025)
Certains experts attestent d'une collaboration entre l'AFC/M23 et la milice TwirwanehoImage : Ernest Muhero/DW

"Je pense que nos frères Banyamulenge se victimisent trop. Sont-ils aussi neutres vraiment ? Est-ce qu'eux aussi n'attaquent pas d'autres communautés ?", s'interroge Malick Birindwa, étudiant en gestion des conflits dans une université d'Uvira et visiblement perturbé par cette situation.

"Aujourd'hui, beaucoup de jeunes sont tués dans des villages pourtant de nombreux Banyamulenge soutiennent ce mouvement qui se dit de libération. Pour eux, si ce sont les autres qui meurent c'est une libération mais s'il s'agit d'eux, c'est un génocide. C'est compliqué, ça ne peut pas aller comme ça. Moi je pense que nous devons nous asseoir et nous dire des vérités en face. Ils doivent savoir que toutes les communautés du Sud-Kivu sont touchées aujourd'hui. Mais aussi, ils doivent se désolidariser de ceux qui font la guerre à la RDC. Si tu es Congolais tu dois lutter pour la paix de ton pays", confie Malick Birindwa.

Selon la Société pour les peuples menacés, organisation non gouvernementale basée en Allemagne, des conflits récurrents ont provoqué des destructions et le déplacement de milliers de membres de la communauté des Banyamulenge.