Covid-19: la promiscuité propice aux violences domestiques
29 avril 2020Le 29 avril, c’est la journée internationale de l’éducation sans violence. Or, il est bien difficile de vérifier ce qui se passe derrière les portes closes des maisons, en ces temps de confinement dû au coronavirus. Les autorités craignent que les enfants et les femmes, surtout, fassent les frais d’une hausse des violences domestiques.
Les multiples ingrédients du stress
Les mesures de confinement, couplées à la fermeture des écoles et des structures d’accueil pour enfants, font qu’en ce moment les couples et les membres d’une même famille passent souvent plus de temps ensemble à la maison que d’ordinaire.
La chancelière allemande avait indiqué, dès le début de la pandémie, qu’elle se refusait à prendre des mesures de confinement trop strictes : elle craignait en effet une hausse importante des violences conjugales et domestiques en cas de promiscuité subie des familles. La police criminelle a abondé dans le sens d’Angela Merkel dès début avril.
Depuis, les témoignages en provenance d’Italie ou de Chine notamment confirment ces craintes, partagées par le pape durant sa messe de Pâques.
Lin Shuang réceptionne les appels à l’aide de personnes victimes de violences domestiques à Shanghai. Elle aussi témoigne des tensions qui s'accumulent au sein des familles confinées:
"Ces deux derniers mois, la plupart des familles ont dû rester à la maison, sortir le moins possible. Ces restrictions de mouvement ont provoqué un stress énorme. Garder les enfants, leur faire cours, continuer à faire le ménage, la cuisine et en plus de tout ça, les mauvaises nouvelles qui arrivent sans cesse… quand les familles sont coincées ensemble dans ces conditions, des conflits éclatent. Les services de sécurité se concentrent sur le virus, ils n‘ont pas le temps de s’occuper des victimes et de la lutte contre les violences domestiques."
Le téléphone pour lancer des SOS
Les lignes téléphoniques d’écoute et les bureaux de conseil sont pris d’assaut. Eva Inderfurth travaille dans une structure qui aide les femmes battues, à Düsseldorf, en Allemagne.
Dans une interview à la chaîne WDR, elle encourage les femmes à se mettre à l’abri et à chercher de l’aide le plus tôt possible, avant même que la tension, avec un mari violent par exemple, ait atteint son paroxysme.
La travailleuse sociale ajoute qu'il est "vraiment important de faire très attention les uns aux autres, entre voisins, par exemple, ne pas hésiter à appeler la police quand il y a un doute sur des mauvais traitements."
Appel à la vigilance et la solidarité
D’autant qu’avec la limitation des contacts avec l’extérieur, les services sociaux ont plus de mal en ce moment à identifier les foyers où une intervention est nécessaire – où les enfants ou les adultes ont besoin d’aide.
Les organisations de défense des droits humains ont mis très tôt en garde contre les risques d’une hausse de la violence due à la promiscuité familiale et à l’isolement social des victimes – alors qu’en temps "normal", déjà, une femme sur quatre en Allemagne subit au moins une fois dans sa vie de la violence physique ou sexuelle de la part de son conjoint ou d’un ancien partenaire.
En Allemagne, il existe des foyers d’accueil pour femmes battues mais qui n’ont pas beaucoup de places libres. Et les associations recommandent plutôt que ce soit le conjoint violent qui soit contraint de quitter le domicile familial plutôt que la femme ou les enfants.