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L'ONG Espoir Vie Côte d'Ivoire sensibilise sur l'immigration

22 juillet 2025

En pleine année électorale, les risques de troubles peuvent inciter des jeunes à quitter la Côte d'Ivoire d'où l'importance de la sensibilisation.

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Des jeunes migrants dans un port
Beaucoup de jeunes font le choix de la migration notamment pour des raisons économiquesImage : Hazem Ahmed/AP/picture alliance

L'année 2025 est une année électorale en Côte d'Ivoire et les risques de troubles peuvent inciter plus de jeunes encore à quitter le pays.C'est pourquoi l'ONG Espoir Vie Côte d'Ivoire a organisé, récemment à Anyama, au nord d'Abidjan, une campagne de sensibilisation à la gare routière de la ville.Le choix de la gare routière n'est pas anodin parce que c'est de là que partent souvent les candidats au départ.

Partir dans l'espoir d'une vie meilleure

Au cours de cette campagne de sensibilisation, Adama Sidibé, un jeune diplômé de 31 ans, sans emploi, a pu échanger avec Mamadou Sangaré, 48 ans, un ancien migrant qui a vécu sept ans d'exil dans sa tentative de rejoindre l'Italie, via la Libye

"Actuellement, c'est chaud dans le pays" assure Adama. Avec un Bac+4, le jeune a décidé d'aller tenter sa chance ailleurs. Il veux "commencer sur la Libye et de là-bas, ensuite, aller en Italie''.

Un projet dont la réalisation n'est pas facile. Mamadou Sangaré tente de le dissuader en lui expliquant d'en "Libye, on met les gens en prison. Pour monter sur un bateau, ce n'est pas facile". Il assure également au jeune homme qu'avec son argent il peut réaliser un projet en Cote d'Ivoire. "Sinon tu vas aller te mettre dans des problèmes, là-bas'' lui explique-t-il. 

Mais sa décision, Sidibé Adama la prise depuis longtemps, car il ne trouve pas de travail en Côte d'Ivoire.

‘'Je veux migrer parce que quand on est dans le pays, ça fait maintenant quatre à cinq concours que j'ai tenté en Côte d'Ivoire, mais ça n'a pas marché" déplore-t-il tout en précisant que la famille compte sur lui.

"Mais quand tu regardes ceux avec qui tu étais à l'école, qui ont pris l'eau (ils ont migré Ndlr), eux, actuellement, ils ont des terrains, ils sont en train de construire. Quand on regarde tout ça, on se dit que l'eldorado, c'est en Europe, pas en Côte d'Ivoire'' assure le jeune homme.

Des témoignages d'anciens migrants

Mamadou Sangaré est revenu au pays depuis deux ans, cela après sept ans de voyage sans succès.Durant toutes ces années, il a marché des jours et des nuits dans le désert, passé six mois en prison en Libye. Il explique avoir été vendu comme esclave et vu certains de ses compagnons mourir sous ses yeux, dans le désert. Aujourd'hui, il regrette les années et l'argent perdus.

Le reportage de Julien Adayé

‘'Ce voyage m'a coûté un million et demi de francs CFA. Franchement, je regrette parce que j'ai perdu tout l'argent que j'avais pour partir. Qu'est-ce que je vais faire maintenant ?''  se demande-t-il.

Dolapé Dramane Ouattara est aussi revenu chez lui après avoir tenté de rejoindre l'Europe.Il est désormais à la tête d'une association d'anciens migrants qui compte plus de 250 membres. Sans moyens, il tente, en contant son expérience, de décourager les candidats à la migration.

Il explique ainsi sa démarche : ‘'Avec tous ceux qui veulent immigrer, quand je l'apprends, je vais vers eux, je vais dans leur famille, j'essaie de les sensibiliser. Aujourd'hui, il serait bien qu'on puisse nous aider à convaincre nos jeunes frères de rester ici''.

Pepegalié Yéo est le président de l'ONG Espoir Vie Côte d'Ivoire qui a organisé cette opération de sensibilisation. Il précise que la commune d'Anyama est "la deuxième porte de sortie du pays".

"Nous savons qu'en année électorale, les gens peuvent penser qu'il peut y avoir des troubles. Donc, ça devient un facteur de plus. Naturellement, ça pousse les jeunes sur le chemin du départ. Et il est de notre devoir de commencer à les sensibiliser, afin qu'ils comprennent que l'eldorado, c'est en Côte d'Ivoire'' explique à la DW Pepegalié Yéo.

Anyama est une petite ville cosmopolite qui manque de tout. Pas d'entreprises, ni d'agriculture moderne, ni de transport développé pour donner de l'emploi à cette population jeune, de plus en plus nombreuse.

Vue aérienne sur Abidjan, le pont de Cocody et le stade de football
Julien Adayé Correspondant en Côte d'Ivoire pour le programme francophone de la Deutsche Welle@AdayeJulien