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Contestation en Russie

Sandrine Blanchard12 avril 2005

À la Foire de Hanovre, la Russie est à l’honneur. À entendre les déclarations politiques, du chancelier Schröder et de Vladimir Poutine, tout est pour le mieux au pays des relations germano-russes. Même son de cloches du côté des chefs d’entreprises qui signent des contrats juteux entre les deux pays. Devant une telle harmonie économique, difficile de rappeler les couacs de la politique intérieure menée par Vladimir Poutine, par exemple en Tchétchénie. Et pourtant, en Russie, des voix commencent à s’élever contre le Kremlin. Faut-il parler de naissance d’une « révolution pacifique » russe, comme ça a été le cas en Ukraine ?

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La jeunesse russe commence à s’impatienter. Ce n’est pas un hasard si les slogans qu’elle scande font référence à la révolution orange en Ukraine. Des associations se créent, autour de jeunes oppositionnels de gauche, militants écologistes radicaux, intellectuels progressistes, voire altermondialistes. À la pointe de la contestation, des organisations soutenues plus ou moins ouvertement par l’Occident, comme l’ont été avant elles « Pora » en Ukraine ou « Otpor » en Serbie et en Géorgie, et notamment le mouvement estudiantin « Idouchtchié bes Poutina », « Ceux qui vont sans Poutine ». Un mouvement qui gagne de l’ampleur d’après son porte-parole, Roman Dobrochotov :

« La cote de popularité de Poutine est en chute libre. Notamment à cause de réformes qui touchent directement la jeunesse. Le gouvernement veut que les étudiants puissent être enrôlés dans l’armée. Et ceux qui voient que la politique de Poutine ne mène à rien de bon, et, qu’au contraire, elle correspond à un retour vers l’URSS, ceux-là clament leur opinion haut et fort. »

Malgré le soutien inconditionnel à Vladimir Poutine affiché par le chancelier Schröder, même la presse allemande dénonce les dérives totalitaires du Kremlin, qui écrase toute opposition d’une main de fer. Il faut dire que Vladimir Poutine craint de voir les derniers rats quitter le navire de la Fédération russe. Dans de nombreuses provinces caucasiennes, Moscou doit faire face à un nationalisme exacerbé, encouragé par les difficultés sociales, un nationalisme qui n’hésite pas à recourir parfois à l’extrémisme religieux pour arriver à ses fins – par exemple lors de la prise d’otages de Beslan, en Ossétie du nord, ou en Tchétchénie. De la même façon, le déplacement vers l’Est de l’Europe des troupes américaines stationnées en Allemagne renforce Vladimir Poutine dans son impression d’être menacé de toute part. D’où le cercle vicieux d’une politique féroce, qui alimente les velléités indépendantistes des régions sous la coupe de Moscou, mais aussi les voix critiques au sein même de la Russie, et qui tendent à devenir ce que la sociologue Carine Clément appelle la « société incivile ».