Pourquoi l'Allemagne crée un Conseil national de sécurité
15 août 2025Si le Conseil national de sécurité (NSR) existait, le chancelier fédéral allemand Friedrich Merz ne serait peut-être pas le seul à être critiqué pour avoir suspendu les livraisons d'armes à Israël.
"La décision aurait probablement été mieux préparée et la coordination plus souple", estime Aylin Matlé, experte en sécurité et défense à la Société allemande de politique étrangère (DGAP).
Une soixantaine de pays dans le monde disposent d'instances similaires au Conseil national de sécurité prévu en Allemagne. Le NSR allemand doit permettre au gouvernement fédéral d'être plus efficace en temps de crise.
L'accord conclu entre les conservateurs de la CDU/CSU et les socio-démocrates du SPD sur la création du Conseil national de sécurité met fin à des décennies de discussions. Cela s'explique d'une part par le fait que l'Allemagne était rarement sollicitée pour jouer un rôle de premier plan et pouvait donc se permettre des processus de concertation plus lents. D'autre part, les questions de sécurité ont régulièrement donné lieu à des blocages politiques au sein des gouvernements de coalition ces dernières années, rendant nécessaire un processus décisionnel plus efficace.
Quelles sont les missions du NSR ?
Le NSR a été inscrit dans l'accord de coalition et est considéré comme le projet favori du chancelier. Dès la première réunion du cabinet après la pause estivale, fin août, le gouvernement fédéral souhaite décider de la création de ce nouvel organe. Selon des sources gouvernementales, le NSR devrait commencer ses travaux en octobre.
La tâche principale du Conseil national de sécurité sera de regrouper et de coordonner toutes les informations et analyses pertinentes en un seul endroit afin de permettre une prise de décision plus rapide sur une base aussi large que possible.
Le NSR doit se réunir régulièrement et se charger également de la "prévision et planification stratégiques". Il s'agit ainsi de poursuivre ce que le gouvernement précédent avait déjà commencé ces dernières années. L’ancienne coalition feu tricolore composée des sociaux-démocrates, des libéraux et des Verts a rédigé une stratégie de sécurité nationale. Le nouveau gouvernement souhaite désormais mettre l'accent sur ses propres priorités et développer cette stratégie, en impliquant "des cercles de réflexion et en échangeant en permanence avec les conseils de sécurité nationale des Etats alliés", selon le plan.
Une autre tâche importante du NSR consistera à élaborer des scénarios et des exercices pour les situations de crise, par exemple sous forme de simulations de crise pour les détournements d'avions ou les attentats.
Qui pour siéger au NSR ?
Le Conseil national de sécurité sera présidé par le chancelier fédéral. Outre le chef de la chancellerie, qui est responsable de la coordination des services secrets, huit autres ministères seront représentés en tant que membres permanents au sein du NSR : les ministères des Affaires étrangères, de l'Intérieur, de la Défense, des Finances, de l'Economie, de la Justice, du Développement et du Numérique.
Si la situation l'exige, d'autres membres du gouvernement fédéral ou des représentants des Etats-régions peuvent également être consultés. Des représentants d'autres pays, de l'Otan et de l'UE pourraient également être présents si nécessaire, ainsi que des chefs d'agences de sécurité, des experts de cercles de réflexion et du secteur privé.
Avec le NSR, deux instances disparaissent : le Conseil fédéral de sécurité, qui autorisait jusqu'à présent principalement les exportations d'armes allemandes, et le Cabinet de sécurité, au sein duquel la Chancellerie échangeait avec les ministères sur des questions importantes. A l'avenir, ces deux tâches seront assumées par la nouvelle instance. Le Conseil national de sécurité se réunira à huis clos, mais ses décisions seront rendues publiques.