Dans l'est de la RDC, des combats malgré le cessez-le-feu
11 août 2025En République Démocratique du Congo, des combats se sont poursuivis ce week-end entre les rebelles de l'AFC/M23 et les combattants Wazalendo dans plusieurs villages du territoire de Walungu, dans la province du Sud-Kivu. Des témoins affirment que l'AFC/M23 s'est emparée de plusieurs villages situés à l'ouest de la ville de Bukavu.
Cependant ces affrontements suscitent beaucoup d'inquiétudes parmi les habitants qui s'interrogent sur la récente signature du cessez-le-feu à Doha, au Qatar, entre les deux parties.
Selon des témoins, les habitants de Walungu ont entendu de fortes détonations toute la journée de ce lundi (11.08).
Fiston, un habitant de Walungu, confirme que "le M23 et les Wazalendo sont en train de se battre ici, nous sommes dans l'obligation de ne pas quitter la maison. Nous pouvons demander aux deux parties de respecter le cessez le feu, nous nous avons besoin de la paix pour bien vivre et se développer par rapport à nos activités quotidiennes. Aux humanitaires également de nous assister pendant cette période compliquée".
Déplacements de populations
La plupart des villages ciblés vivent grâce à l'agriculture et à l'exploitation artisanale des minerais. La société civile locale croit qu'avec la prise de Mulamba et Kaniola, l'AFC/M23 veut contrôler la localité de Nzibira qui ouvre la voie vers le territoire de Shabunda, dernier verrou avant la province du Maniema.
Christian Mwambali est le président de la société civile territoriale de Walungu. Il déplore les déplacements massifs des populations. "Aujourd'hui (lundi), il y a eu des détonations à l'arme lourde entre Mulamba et Nyamarhege. Ceux de Kaniola se sont rendus vers Cindubi, Mbuba, Muyange, et Walungu centre. Ceux de Nzibira qui croyaient que les M23 allait les attaquer bien que Nzibira soit toujours contrôlée par les Wazalendo, se sont déplacés. Nzibira c'est un centre commercial alimenté par des ressources minières en provenance des carrés miniers de Luhago, de Luntukulu, de Maziba, Caminyagu et meme Shabunda".
Quelques heures avant la reprise des hostilités, le porte-parole du gouvernement provincial du Sud-Kivu Didier Kabi a indiqué que les FARDC et leurs supplétifs Wazalendo se sont retirés de Mulamba et Kaniola pour éviter un bain de sang.
Respecter l'accord de Doha
Jean-Moreau Tubibu, défenseur des droits humains de Bukavu, exhorte toutes les parties à regagner la table des pourparlers mais surtout, "que l'on respecte les accords qu'ils sont en train de signer parce que nous, défenseurs des droits humains, nous savons d'expérience que les médiateurs finissent par se fatiguer quand ceux-là qu'on veut réconcilier eux-mêmes ne savent pas respecter la valeur de leurs signatures, et alors là ça sera la jungle ? Nous voulons le respect des accords et que les signes [d'apaisement] se fassent voir".
Les mêmes témoins affirment qu'au moins quatre personnes ont perdu la vie dans ces affrontements mais les défenseurs des droits humains craignent que le bilan ne soit plus lourd encore. Ils regrettent de ne pas avoir accès au terrain pour vérifier.
En juillet dernier, la RDC et le Rwanda ont signé un communiqué conjoint sous l'égide du HCR, réaffirmant leur engagement à faciliter le retour volontaire, sécurisé et digne des réfugiés, une tripartite qui a été organisée dans le contexte des avancées diplomatiques récentes, notamment l'Accord de paix de Washington entre Kinshasa et Kigali, ainsi que la Déclaration de principes du 19 juillet 2025 signée à Doha entre le gouvernement congolais et l'AFC/M23.