Colère des Kinois face aux opérations de démolition
14 mai 2025Ce matin, l'ambiance est électrique et l'émotion est vive dans ce quartier de la commune de Ngaliema. C'est depuis la veille que les habitants déménagent leurs affaires sans vraiment savoir où ils vont passer les prochaines nuits. La plupart nous explique ne pas avoir été prévenus des opérations de démolition de leurs habitations.
Manque d'informations
Nlandu Lady, gérant d'un immeuble, confie qu'il n'était pas au courant. Il déplore le manque d'information. Aujourd'hui, les locataires sont voués à eux même et leurs biens ont été pillés par les Kulunas, ces enfants de la rue souvent responsables de banditisme et de l'insécurité urbaine precise-t-il.
"Ils sont précédés par les pillages et maintenant les services de démolition vont passer après, à 15h ou bien 16h. Comment expliquer ça. Ils devraient prendre des mesures de précautions pour nous sécuriser. Même pas la police... Voilà. Quand on dit qu'on va démolir il est nécessaire de le notifier aux gens mais nous ne sommes pas informés."
Actes criminels
Cette décision gouvernementale est critiquée non seulement par les victimes des démolitions, mais aussi par les passants qui observent impuissants les actes de pillage :
"Dans notre pays on est en train de souffrir. Ici il y avait des travailleurs maintenant ils vont partir où ? Ils nous ont déçus et on a même envie de pleurer, c'est pas bien ça."
"Il faut indemniser les gens ! Parce que tu t'imagine moi par exemple je suis locataire et puis le propriétaire on a démoli sa maison. Moi je paie 250$, j'ai donné la garantie de 1250$, est-ce que je vais aller demander au propriétaire de me rembourser mon argent ? Non !"
"Ils ont dit on doit laisser 5 mètres après le caniveau de derrière maintenant, eux, ils ont pris plus de 5 mètres !"
Version officielle
Les riverains fustigent l'inaction de la police qui aurait dû, selon eux, procéder aux arrestations des pillards. Cependant, nous avons pu entrer en contact avec un officier de police présent sur les lieux des démolitions. Il a toutefois requis l'anonymat : "Je suis juste là où on démolit les maisons. Mes agents ont passé la nuit ici pour sécuriser les biens."
Les travaux de démolition des bâtiments construits anarchiquement sur le lit du fleuve Congo et des rivières avaient été annoncés par le gouvernement il y a plus de deux semaines.
Le ministre des Infrastructures, Alexis Gisaro avait prévenu : "Ce sont des décisions ou des mesures qui peut-être seront impopulaires mais que le gouvernement doit prendre. Parce que aujourd'hui nous déplorons 30 morts, mais si des dispositions ne sont pas prises, demain nous déplorerons davantage."
La question qui demeure sans réponse aujourd'hui est celle de savoir si les victimes seront indemnisées par l'État, car elles détiennent des titres de propriétés valables et des certificats d'enregistrement délivrés par les autorités.