Cameroun: Maurice Kamto et son avenir politique en suspens
28 juillet 2025Au Cameroun, Elecam, l'organe chargé d'organiser les élections a publié, samedi, la liste provisoire des candidats à l'élection présidentielle du 12 octobre. 13 candidats ont été retenus, parmi lesquels le président sortant, Paul Biya, âgé de 92 ans, dont 43 passés à la tête de son pays.
Hermine Patricia Tomaino Ndam Njoya, du parti Union démocratique du Cameroun (UDC), est la seule femme candidate.
Elecam a cependant invalidé la candidature du principal opposant, Maurice Kamto, à la présidentielle du 12 octobre prochain. La raison invoquée pour justifier ce rejet est que le parti de Maurice Kamto, le Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie, a présenté deux candidats, alors que le code électoral l'interdit.
Or, le parti au pouvoir a également deux candidats, mais Elecam n’a rien trouvé à y redire.
Ces arguments ne convainquent pas Stéphane Akoa, politologue camerounais et chercheur à la Fondation Paul Ango Ela (FPAE) de géopolitique en Afrique centrale. Suivez ci-contre son interview :
Stephane Akoa: La question des candidatures multiples, du fait que certains candidats se sont prévalus d'un parti alors que d'autres également avaient déposé leur candidature au nom de ce même parti, n'est pas seulement le fait du Manidem(Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie) avec Monsieur Kamto, mais, le RDPC aussi. L'UPC également (Union des populations du Cameroun). Deux ont été disqualifiés. Mais pas le RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais). Puisque la candidature de Paul Biya a été retenue. Donc, on peut être surpris de ce choix.
DW: Maurice Kamto, conformément à la loi électorale du Cameroun, a trois jours à compter de la date de publication de la liste provisoire des candidats à la présidentielle du 12 octobre. Va-t-il avoir gain de cause?
Stephane Akoa: Ce sera difficile également. Parce que depuis samedi (26 juillet) circule des indications selon lesquelles il y a une procédure propre au Manidem pour en devenir membre.
Et visiblement, Monsieur Kamto n'aura pas à respecter les étapes de cette procédure. Donc cela peut être invalidant, même si ce n'est pas sur ce point-là qu'Elecam n'a pas accepté la candidature de Monsieur Kamto.
Mais on sait qu'il y a depuis de longs mois déjà de sérieux combats juridiques entre Maurice Kamto, le MRC (Mouvement pour la renaissance du Cameroun) d'une part et le système gouvernant d'autre part. Et on peut croire que ce n'est pas le prochain épisode qui s'annonce forcément le plus calme et certainement pas celui qui permettra à Monsieur Kamto de faire valoir ses droits.
DW: Et si Maurice Kamto n'obtient pas gain de cause devant le Conseil constitutionnel, est-ce qu'il ne devrait pas s'en prendre à lui-même après sa décision de boycotter les élections législatives et communales de 2020 qui le prive ainsi d'élus?
Stéphane Akoa: Oui, si vous considérez cette narration-là, effectivement, les ennuis de Monsieur Kamto ont débuté à partir du moment où il n'a pas été présent lors de ce double scrutin: législatives et communales de 2020.
DW: Si le Conseil constitutionnel confirmait la décision prise par Elecam samedi, en clair, si Maurice Kamto était définitivement hors course pour la présidentielle du 12 octobre, quel serait son avenir politique ?
Stéphane Akoa: Ce serait très compliqué parce qu'il est sorti du MRCplus ou moins officiellement. Reste à savoir si cette sortie sera considérée comme définitive. Comment reviendra-t-il plus tard dans la compétition en étant cette fois à nouveau le porteur des espoirs de formation politique à laquelle il appartenait jusqu'à présent ?
Cliquez sur l'image (ci-dessus) pour écouter l'intégralité de l'interview.