Cameroun : une oppostion divisée à l'approche des élections
24 avril 2025L'opposition politique camerounaise se structure en coalitions et une multitude de partis, à six mois de l'élection présidentielle.
Deux coalitions majeures existent : Alliance pour le changement (APC), portée par Jean Michel Nintcheu du FCC et Maurice Kamto du MRC, et Alliance pour une transition pacifique (ATP) emmenée par Olivier Bile des Libérateurs et Célestin Djamen d'APAR.
Entre ces deux coalitions, se forment d'autres micro-regroupements. Ainsi, certains candidats se sont déjà déclarés comme Joshua Osih du SDF et Cabral Libii du PCRN. Les plus surprenantes sont toutefois les six candidatures promues par l'UPC dans ses différentes factions.
Un élection jouée d'avance ?
Joseph Claude Billigha du RDPC, parti au pouvoir, regrette cette tendance divisionniste de l'opposition.
"Je suis de ceux qui pensent qu'à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, qu'il est bien que notre victoire soit remportée de manière légale, soit une bonne victoire face à un adversaire de taille", assure-t-il.
"C'est pourquoi nous sommes nombreux qui pensons que l'opposition devait pouvoir s'unir pour que la bataille qu'on va mener soit une belle bataille, et que même si la victoire est ce qu'on appelle la victoire à la Pyrrhus, ce serait une bonne chose, un signe évident de la marche de notre démocratie."
L'incapacité de l'opposition camerounaise à s'unir pourrait faire le jeu du Paul Biya, âgé de 92 ans, mais elle contredit aussi les idéaux de lutte des pères de l'indépendance.
Une opposition qui peine à se rassembler en raison de multiples facteurs
Célestin Djamen pointe toutefois du doigt ce qu'il estime être l'indolence du peuple, la corruption de certains opposants par le régime mais aussi le code électoral favorable, selon lui, au pouvoir en place, ou encore l'insuffisance de moyens financiers à la disposition des "vrais" opposants.
"On peut parler d'incapacité. Mais je pense qu'il faut relativiser les termes. Quand il y a de tels goulots d'étranglement, il faut être un peu juste avec les opposants. Il y en a, il ne faut pas le nier, qui vont nuitamment dans les cabinets pour prendre de l'argent pour ralentir leurs dynamismes oppositionnels", explique le président du parti pour l’Alliance patriotique républicaine.
"Il y en a aussi qui sont sincères, mais qui n'ont pas les moyens de convaincre leur propre population. Donc, il faut que le peuple se réveille, le peuple vienne à notre secours, s'il estime qu'on a échoué qu'il vienne nous remplacer."
Maitre Joseph Claude Billigha du parti au pouvoir, assure la victoire prochaine de son candidat, mais il redoute un appel au soulèvement si des militants d'une certaine opposition en venaient, au mois d'octobre, à récuser le verdict de la Cour constitutionnelle, habilitée à statuer en matière électorale.