Burkina : des ex militaires VDP veulent être réintégrés

Ils ont été radiés de l'armée à la suite de la mutinerie de 2011 au Burkina Faso. Quelques années plus tard, face à la menace terroriste, ils ont répondu à l'appel des autorités de s'enrôler au sein des VDP, les volontaires pour la patrie. Ces ex militaires, devenus pour certains, des formateurs des VDP (Volontaire pour la Défense de la Patrie), veulent désormais reprendre leur place au sein de l'armée.

Une demande de réintégration

Ils seraient une centaine à exprimer ce souhait pour différentes raisons et assurent avoir fait des démarches qui, pour le moment, sont restées vaines.

"Ce que nous voulons, nous demandons l'indulgence du président du Faso pour rejoindre la maison c'est à dire la réintégration" explique à la DW l'un de ces ex militaires qui a voulu rester dans l'anonymat.

Il asure par ailleurs qu'il y a "des éléments" qu'ils ont formé qui se sont retrouvés dans les rangs de l'armée. Selon toujours cet ancien militaire, ils ont combattu un peu plus de deux ans deux ans, mais précise t-il "nous ne savons pas où on va. L'ex-ministre de la Défense, Alkasoum Koulibaly, nous a rassuré que les choses vont venir après. On a déposé (une demande Ndlr) d'audience pour rencontrer le président du Faso, jusqu'à l'heure où je vous parle nous n'avons pas été contactés."

 Ces ex-militaires au sein des VDP auraient des contrats de 12 mois renouvelables une fois. Alors qu'il est question d'un possible troisième contrat, certains souhaitent désormais être fixés sur leur sort.

Si pour l'heure, la grogne des anciens militaires devenus VDP est plutôt en interne, elle met toutefois en exergue les tensions qui peuvent exister au sein des forces de défense.

Pour ces ex militaires, réintégrer l'armée est plus qu'une nécessité." C'est une vocation pour nous (...). Actuellement le salaire que nous touchons c'est 80 milles franc CFA (...). On ne peut pas laisser les gens que tu as formés réintégrer l'armée, toi tu les forme, tu es toujours dans la même stature. C'est frustrant", déplore cet ancien militaire.

"Le statu quo"

Contacté par la DW, le directeur de la communication et des relations publiques des armées, le commandant Abdoul Aziz Ouédraogo, reconnait que par le passé, des anciens militaires avaient effectivement exprimé ce désir de réintégrer la grande muette mais il précise ne pas avoir d'information sur une nouvelle requête.

Selon lui, concernant leur ancienne demande "c'est toujours le statu quo". Il explique par ailleurs que la décision même d'une éventuelle réintégration est "politique" et que "le processus dépend de plusieurs paramètres (en l'occurrence) les textes juridiques en vigueur et le statut des personnels des Forces Armées Nationales".

Des règles à respecter

Interrogé sur une éventuelle réintégration dans l'armée des ex militaires qui font désormais office de volontaires pour la patrie, Seidik Abba, spécialiste des questions sahéliennes, chercheur associé et président du Centre international d'études et de réflexions sur le Sahel (CIRES) reste sceptique et explique qu'il y a des règles à respecter.

"Ça m'étonnerais qu'ils puissent sortir de VDP pour (ré)intégrer les forces de défense et de sécurité parce que (...) on peut regarder dans les carnets, dans les services actifs des effectifs pour voir qu'ils ont déjà été militaires et qu'ils ont été sanctionnés", précise l'analyste.

Selon Seidik Abba "sauf s'il y a une amnistie, sauf s'il y a une décision de l'autorité militaire, à partir du moment où vous avez fait l'objet de sanctions, le code militaire ne permet pas que vous reveniez..."

 Il insiste sur le fait qu'il y a une enquête de moralité qui se fait avant tout recrutement au sein de forces de sécurité. Des mesures qui selon lui, devraient être élargies au VDP.