Bulletins scolaires en RDC : la grande pagaille
23 juillet 2025À Kinshasa, la fin de l'année scolaire ne s'est pas soldée par la délivrance des bulletins. Dans plusieurs écoles publiques, les élèves ont quitté les cours sans ce précieux document qu permet de passer dans la classe supérieure.
Une situation qui soulève de nombreuses questions sur la gouvernance du système éducatif congolais et qui révolte les parents, comme l'exprime Christine Bijika :
"En tant que parent, la situation est choquante. J'ai fait tous les sacrifices : payer les frais, soutenir moralement mes enfants… Le fait qu'ils rentrent à la maison sans bulletin, c'est un manque total de respect. Le bulletin, ce n'est pas juste un papier. C'est la preuve d'une année de travail".
Ce manque de transparence et d'organisation, les familles le vivent comme une négation du droit à l'éducation. Mais dans d'autres régions du pays, c'est une forme différente de confusion qui s'est installée.
Les écoles tentent de palier
À Bunia, dans la province de l'Ituri, les écoles ont pris les devants. Faute de bulletins officiels qui devaient provenir de l'Etat, elles ont imprimé leurs propres documents. Une initiative qui ne rassure pas tous les parents, comme l'explique David Mputu, qui se plaint de la qualité des bulletins :
"On a payé 1.000 francs par élève. Le gouvernement n'a pas fourni les bulletins. Chaque école fait son propre bout de papier. Ce n'est pas un vrai bulletin ! Ce sont des papiers archaïques qui ne feront pas foi. Et si l'enfant doit partir étudier ailleurs ? Avec quoi va-t-il justifier son parcours ?", s'indigne-t-il.
Le M23 délivre ces propres documents
Dans ce contexte d'improvisation, la confusion est totale. Et dans l'est du pays, elle prend une tournure politique.
À Goma, contrôlée par le mouvement rebelle M23, les bulletins ont bel et bien été distribués, mais pas par l'État. Ici, ce sont les rebelles qui ont pris l'initiative, prélevant 1 000 francs congolais par élève pour imprimer et signer les bulletins. Un fait inédit qui inquiète ce père de famille qui souhaite conserver l'anonymat :
"C'est du jamais-vu ! Le gouvernement central pourrait refuser de reconnaître ces bulletins demain. On ne sait pas ce qui va se passer si les rebelles se retirent. C'est pour ça que l'État doit jouer son rôle. Il fournit bien les examens d'État, malgré la guerre. Il devrait faire pareil pour les bulletins”.
Kinshasa, Bunia, Goma : trois réalités et une même incertitude pour des milliers d'élèves congolais. Jusque-là, les autorités congolaises n'ont apporté aucune explication sur cette absence des bulletins scolaires.