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À Bukavu, on se prépare à une possible offensive du M23

3 février 2025

Alors que des combats entre l'armée congolaise et les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda sont signalés dans le Sud-Kivu, les habitants de Bukavu tentent de ne pas céder à la panique.

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Vue aérienne de Bukavu
Des affrontements ont été signalés au Sud Kivu dans le territoire de Kalehe au nord de BukavuImage : ALEXIS HUGUET/AFP

A première vue, dans la ville de Bukavu, tout fonctionne normalement. Commerces, écoles, hôpitaux, administration et autres activités n'ont rien changé dans leur fonctionnement. Mais à y regarder de près, une certaine psychose est perceptible au sein de la population.

Une psychose liée notamment aux fausses informations diffusées sur les réseaux sociaux sur l'évolution des affrontements à Kalehe et surtout des images et vidéo venant de Goma. La capitale du Nord-Kivu est séparée de Bukavu par le seul lac Kivu.

Préparatifs pour partir

Ces derniers jours, ce sont des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants qui étaient au bureau de la direction générale de la migration, DGM pour solliciter le laissez-passer CEPGL, une autorisation spéciale qui permet aux habitants de la RDC, du Rwanda et du Burundi de circuler librement dans les 3 pays. 

"Chacun commence à chercher où il va se réfugier" (Habitant de Bukavu)

La DW a rencontré deux habitants de Bukavu qui souhaitent coûte que coûte quitter la ville pendant qu'il est encore temps.

"Goma n'est pas loin de Bukavu. Vous savez que les gens ont fait même trois jours sans sortir dehors. Nous craignons qu'ici à Bukavu aussi on puisse un jour se réveiller dans une situation compliquée comme à Goma", explique cet habitant rencontré à Bukavu et qui souhaite coûte que coûte quitter la ville pendant qu'il est encore temps : "Voilà pourquoi personnellement je souhaite me déplacer pour m'installer au Burundi parce que là-bas la vie est un peu facile et on peut s'adapter."

"Quand vous arrivez au niveau de la DGM, vous trouverez tout un monde", témoigne cet autre habitant. "Les gens arrivent à 8h jusqu'à 16h en attente du laissez-passer CEPGL qui permet de voyager dans les pays des grands lacs. Donc chacun commence à chercher là où il va se réfugier. Moi je chercher aussi à me réfugier au Burundi parce que je dois me protéger. En tout cas c'est ma conviction personnelle de quitter ma ville de Bukavu. Nous en avons vraiment mare avec la guerre."

Faire des stocks et rester

D'autres habitants de Bukavu entendent au contraire rester sur place et font des provisions au cas où la situation pourrait militairement se dégrader. 

"Tout ne marche pas comme d'habitude mais en tant que patriote et jeune, je ne peux pas fuir ma ville parce qu'un problème se pointe à l'horizon.  Je ne peux pas fuir parce que si demain j'occupe aussi des postes de responsabilité je dois m'assumer au lieu de prendre la fuite. C'est juste une question d'être prévoyant, respecter certaines mesures : ne pas pas être dehors pendant les heures tardives, avoir des provisions dans la maison, quelque chose dans le frigo. Ces sont des précautions que moi j'ai déjà prises. Je me dis si tout le monde fuit, qui va défendre la patrie. Je crois qu'il faut qu'on reste et après tout, on est mieux que chez soi."

Jean Chrysostome Kijana, président nationale de la nouvelle dynamique de la société civile dit être conscient de la psychose qui s'est emparée de certains habitants. Il espère que la diplomatie va prendre le dessus sur les armes : 

"Nous constatons depuis un temps qu'il y a un mouvement. Des centaines de Congolais qui sont en file indienne à la direction générale des migrations en train de chercher des documents de voyage pour quitter la ville, ceci confirme qu'il y a une situation de psychose. Et nous, comme leader d'opinion, nous appelons la population à l'apaisement et au calme. Nous espérons qu'il y aura des solutions qui peuvent être trouvées. Avec tous ces ballets diplomatiques, nous espérons que le pire ne pourra pas nous arriver à Bukavu. Mais nous restons quand même un peu vigilants et nous appelons les uns et les autres à la vigilance."

Le bilan de plus de 770 morts et plus de 2800 blessés pendant les 4 jours d'affrontements à Goma pousse sans doute de nombreux habitants de Bukavu  à quitter la ville pour des destinations plus sûres.