RDC : Bukavu panse ses plaies après l'attaque du 27 février
28 février 2025La ville est encore sous le choc 24 heures après les événements. Alors que les équipes médicales de l'hôpital général de Bukavu sont encore à pied d'œuvre pour soigner les blessés, dans les familles endeuillées, la tristesse et l’incompréhension se mêlent aux larmes.
Dominique Migabo avait 18 ans. Ses proches le décrivent comme un jeune homme humble et serviable. Hier jeudi (27.02), il était présent au meeting sur la place de l'Indépendance. Son père, Timothée, explique qu'il ne savait pas qu'il s’y était rendu. C'est quand ses amis sont venus l’avertir qu'il a commencé à redouter le pire des scénarios. Jusqu’à ce qu’il trouve son fils à la morgue.
"Il y a un jeune qui est venu pour nous dire qu’il avait vu dans une vidéo mon garçon qui était parmi les victimes. C’est à ce moment-là que nous sommes descendus vers l’hôpital général où les corps des victimes étaient exposés. Sur place, nous avons dit aux infirmiers que nous sommes venus voir nos enfants qui étaient au meeting et qui n’étaient pas encore revenus. C'est comme ça qu’ils nous ont ouvert la morgue. Quand nous y sommes entrés, nous avons constaté qu’en effet l’enfant était décédé", confie-t-il à la DW.
Établir les responsabilités
Du côté de la société civile, la consternation a laissé la place aux questionnements. Samy Jean Takimbula est président par intérim de la société civile du Sud-Kivu. Il déplore le fait qu'une fois de plus, ce sont les populations civiles qui payent le plus lourd tribut.
"Au niveau de la société civile, nous nous posons des questions. Pourquoi devons-nous encore subir ce type de situation ? La population civile ne commet pas de nuisance, nous ne portons pas des armes. Pourquoi veut-on nous cibler de la sorte et créer des attentats pour que nous puissions encore perdre la vie ? Nous aimerions que les autorités en place puissent faire diligence et voir comment ils peuvent renforcer les mesures de sécurité de la population dans toutes les entités qu'ils contrôlent."
Face à la prolifération d'informations contradictoires, il est difficile de dire à ce stade si une enquête sera ouverte sur les circonstances de cette attaque.
Trouver des preuves
Jean Mobert Senga est chercheur indépendant. Il rappelle que dans un contexte comme celui de Bukavu ou de Goma, c'est l'accès aux preuves et aux témoignages qui constitue un véritable défi.
Il explique qu'"on peut essayer de déterminer le type d’engins ou d’explosifs qui a été utilisé. On peut éventuellement retracer ces engins et déterminer qu’ils se trouvent dans les arsenaux de tel ou tel groupe, de telle ou telle force. Faute de déterminer de manière exacte l’auteur et la nature des objets utilisés, on peut au moins éliminer certaines fausses informations qui circulent sur les réseaux sociaux".
Selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, plus de 60.000 personnes ont fui l’avancée des rebelles du M23dans le Sud-Kivu pour se réfugier au Burundi.