L'économie à Bukavu affectée par la situation sécuritaire
4 février 2025Après Goma, Bukavu, la capitale provinciale du Sud-Kivu, pourrait à son tour être menacée par le M23.
L’Onu affirmait, vendredi dernier, que le mouvement rebelle n’était qu’à une soixantaine de kilomètres de la ville.
Le gouverneur du Sud-Kivu a, dans un arrêté publié le 29 janvier, interdit toute navigation en direction de Bukavu à partir du lac Kivu.
Une mesure qui vise, selon lui, à protéger la population et assurer la sécurité sur le lac, face à la menace du M23.
Mais cette interdiction affecte des milliers de personnes qui dépendent des échanges entre Bukavu et Goma, à travers le lac Kivu.
"Il y a des mesures prises qui interdisent aujourd’hui la navigation des bateaux sur le lac Kivu. Et nous, en tant que transporteurs, nous sommes affectés directement par rapport à cela. Nos recettes proviennent uniquement des passagers et comme il n'y a pas de passagers, c'est un problème très sérieux pour l'exploitation, pour tous les armateurs exploitant ce lac Kivu. Et cette situation a aussi un impact sur les produits alimentaires", explique Lueni Ndale directeur administratif et financier d'une compagnie de bateaux reliant Bukavu à Goma.
Des produits alimentaires dont les prix sont en hausse depuis quelques jours, au grand dam des consommateurs et des commerçants.
"Le prix des haricots a augmenté, ils coûtent 5.000 francs congolais, alors qu'ils coûtaient 4.000 francs congolais auparavant. Le prix augmente et il n'y en a pas sur le marché. Je ne sais pas si c'est à cause de la guerre, c'est peut-être pour ça que les bateaux ne partent pas", dit Justine Mwa'rwabireza une habitante de Bukavu.
Marceline Mugobe est commerçante. Elle vend du maïs à partir de Goma, mais estime que,"il n'y a plus de trafic. Nous souffrons, nous manquons de produits, nous essayons de faire un dépôt parce qu'il n'y a rien à faire. Il n'y a nulle part où s'approvisionner parce que les bateaux ne partent plus, et c'est le seul moyen pour nous d'y aller."
Dans un communiqué publié lundi soir, le M23 a annoncé décréter un cessez-le-feu "pour des raisons humanitaires" et indiqué n'avoir "aucune intention de prendre le contrôle de Bukavu ou d'autres localités".
Mais, à Bukavu, certains habitants estiment que le mouvement rebelle se réorganise avec des renforts et des livraisons d'armes pour tenter de prendre la ville.