Le bilan des 100 jours du nouveau gouverneur du Nord-Kivu
10 mai 2025Dans l'est de la République démocratique du Congo, cela fait 100 jours ce samedi 10 mai que le général Evariste Somo a pris ses fonctions comme nouveau gouverneur du Nord-Kivu.
Ce général de l'armée congolaise a été nommé à ce poste après la mort de son prédécesseur tué lors de la chute de Goma en janvier 2025. L'administration de la province a depuis lors été transférée à Beni, à 350 kilomètres, plus au nord de Goma. À son investiture, le 31 janvier 2025, Évariste Somo avait promis de reconquérir les villes et localités du Nord-Kivu passées entre les mains de la coalition rebelle AFC/M23.
La situation est loin d'être maîtrisée dans le Nord-Kivu. Le M23 a renforcé son administration dans les zones occupées et il continue de gagner du terrain, notamment en territoire de Lubero où de récents combats ont été signalés entre les rebelles et les milices locales.
Situation inchangée à Lubero
Chance Siheria, qui vit à Lubero, regrette que "depuis qu'il (Evariste Somo) est là, nous ne sentons pas grand chose et cela n'évolue pas. Vraiment, les gens souffrent, il y a des viols, de la famine, c'est devenu terrible en voyant les enfants. On ne part même plus à l'école. Quelqu'un peut même arriver dans ta maison et il te demande quelque chose, toi-même tu lui dis que tu es aussi déplacé, et là, tu ne sais pas comment intervenir pour l'aider".
Pepin Kavotha était présent à l'investiture du nouveau gouverneur, le 31 janvier 2025 à Beni. Il se souvient de son ambition de récupérer les entités qui étaient sous contrôle du M23 à sa prise de fonction. 100 jours après, Pépin Kavotha estime que la tâche ne sera pas facile pour le gouverneur. Selon lui, "c'est une ambition qui doit être conjuguée avec d'autres efforts pour que la ville de Goma soit récupérée. Le gouverneur Somo a hérité d'une province amputée de plusieurs entités et, avec ce qui se passe au Nord-Kivu, d'aucuns peuvent croire que le gouverneur n'est pas en train de faire son travail".
La fin du conflit se négocie à Kinshasa
Mais Janvier Kasairio, président du conseil de la jeunesse à Beni, pense que la fin de la guerre à l'est de la RDC dépendra plutôt de la volonté du gouvernement central à Kinshasa.
Il note que "ce n'est pas lui qui détient les moyens plus que les moyens qui ont été à Goma ; il y a un problème dans le commandement qu'on doit encore revisiter. Bien sûr qu'en prenant le pouvoir, il a promis de reconquérir les zones occupées par le M23, mais nous devons retenir que la guerre du M23 a sa dimension, et la dimension, elle, est aujourd'hui internationale. On est dans la phase diplomatique et de dialogue. Cela ne dépend pas du gouverneur, ça dépend de la dynamique du gouvernement au niveau national".
En plus de la ville de Goma, la coalition rebelle AFC/M23 est présente dans cinq territoires sur les six que compte le Nord-Kivu.
Depuis son installation à la tête de la province, le nouveau gouverneur travaille sur le moral des soldats et tente d'organiser la logistique militaire. Il s'est ainsi lancé dans la réfection des infrastructures routières pouvant permettre la mobilité de l'armée.
Et comme l'aéroport de Goma demeure fermé, Evariste Somo a entamé des travaux d'élargissement de la piste de l'aéroport de Beni afin de créer une liaison directe entre Kinshasa et Beni, devenu le siège temporaire des institutions provinciales après la chute de Goma.