L'Allemagne prévoit des coupes dans l’aide au développement
18 juin 2025
Le président américain, Donald Trump, avait à peine entamé son deuxième mandat qu'il a lancé début février de profondes coupes dans l'aide au développement.
Environ 80% de cette aide doit être supprimé. Avec environ 63 milliards de dollars, son pays était encore en 2024, le plus grand soutien des pays en développement et émergents. Il est suivi par l'Allemagne avec 32 milliards de dollars.
Le gouvernement fédéral en place depuis mai, composé des partis conservateurs (CDU/CSU) et des sociaux-démocrates (SPD), prévoit également de nouvelles coupes pour l'année 2025.
L'ancienne coalition composée du SPD, des Verts et des Libéraux (FDP), avait déjà réduit de 8% le budget du ministère du développement. Le taux d'APD (aide publique au développement) était ainsi passé en dessous de l'objectif de 0,7% du revenu national brut qu'il s'était fixé. Depuis 2020, il était constamment supérieur à ce chiffre.
L'Allemagne doit assumer un rôle de leader dans la politique de paix
Selon l’ONG allemande, Welthungerhilfe et l'organisation d'aide à l'enfance, Terre des Hommes (TDH), ces coupes constituent un signal fatal, d'autant plus que dans l'accord de coalition, la CDU, la CSU et le SPD ne s'engagent plus explicitement à atteindre l'objectif de 0,7% : "Le gouvernement fédéral annonce ainsi un abandon non seulement financier, mais aussi politique des engagements internationaux", critiquent les deux organisations dans leur rapport sur la politique de développement intitulé "Kompass 2025".
Le secrétaire général de la Welthungerhilfe, Mathias Mogge, et le porte-parole du conseil d'administration de TDH, Joshua Hofert, demandent au gouvernement fédéral de jouer un rôle de premier plan dans la politique de paix face à un monde de plus en plus hostile.
"L'Allemagne doit s'engager pour un respect conséquent du droit international humanitaire et des principes humanitaires ainsi que pour l'accès à l'aide et la protection des populations civiles dans les guerres et les conflits. Elle doit en outre s'engager pour que la faim ne soit pas utilisée comme une arme", peut-on lire dans l'inventaire des organisations humanitaires. La veille, l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) a publié dans son rapport annuel, les derniers chiffres concernant l'armement dans le monde.
Les organisations s'inquiètent également de la réduction prévue des fonds destinés à l'aide humanitaire d'urgence dans le budget du ministère des Affaires étrangères. Celui-ci devrait être réduit de plus de la moitié, à environ un milliard d'euros. Les Etats-Unis ont complètement cessé de soutenir ce fonds géré par les Nations unies (Onu). En raison des coupes massives effectuées dans le monde entier, le coordinateur de l'aide d'urgence Tom Fletcher se voit contraint de supprimer de nombreux programmes destinés aux plus démunis.
Sombres perspectives pour de nombreux pays africains
Les conséquences pour les personnes dans le besoin et souffrant de la faim sont désastreuses, a déploré le représentant de l'Onu lundi (16.06.2025) à Genève. Selon les organisations d'aide, les pays déjà les plus pauvres seront les plus touchés par les réductions des budgets de développement. Elles citent en exemple le Burundi, le Mozambique et le Liberia, où l'aide publique au développement officielle des pays donateurs représentait en 2023 entre 24 et 14% du volume économique.
La Welthungerhilfe et Terre des Hommes donnent en majorité une mauvaise note au gouvernement fédéral. La CDU/CSU et le SPD ne voient pas les choses de la même manière. Dans leur accord de coalition, les réductions de l'aide au développement et de l'aide humanitaire d'urgence sont qualifiées de "raisonnables". "Cela est en contradiction avec leurs objectifs également déclarés d'assurer un financement suffisant de l'aide humanitaire - en particulier lorsque d'autres donateurs se retirent", rétorquent les organisations humanitaires.