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La criminalité et la violence explosent à Beni au Nord-Kivu

Pascal Mapenzi
21 août 2025

Les assassinats, enlèvements, braquages et cambriolages se sont multipliés dans la ville ces derniers mois.

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Une scène de rue à Beni
Les chutes de Goma et de Bukavu pourraient en partie expliquer la montée de la criminalité à Beni.Image : Delphin Mupanda/Xinhua/IMAGO

La ville de Beni, dans l'est de la République démocratique du Congo, fait face à une criminalité urbaine. Ces cinq derniers mois, de nombreux cas d'assassinats, d'enlèvements, de braquages et de cambriolages se sont multipliés, les auteurs opérant principalement la nuit.

Sur place, les autorités évoquent une conséquence directe de la chute de Goma et de Bukavu entre les mains du M23. Une situation que connait aussi Beni, où les institutions provinciales ont été transférées depuis janvier 2025.

"C'est vers une heure du matin qu'ils ont envahi la parcelle. J'ai tenté d'allumer les lampes et c'est à ce moment qu'ils m'ont tiré dessus. Heureusement, j'ai eu la vie sauve", raconte Gloria Masika, l'une des victimes des vols à main armée dans la ville de Beni.

Ecoutez le reportage à Beni...

Il y a une semaine, des hommes munis d'armes blanches et d'armes à feu ont surgi dans sa maison. En plus de l'argent et des biens emportés, Gloria raconte l'horreur vécue cette nuit-là. "Ils ont réussi à ouvrir la porte de la maison, dit-elle. Quand ils ont accédé à l'intérieur, ils nous ont maltraités. Ma mère a été coupée par une machette. Ils demandaient de l'argent avec un ton menaçant. C'est quand nous leur avons donné l'argent disponible dans la maison qu'ils sont repartis".

Des "bandits" auraient fui Goma pour aller à Beni

Comme la maison de Gloria, plusieurs habitations et commerces sont aujourd'hui victimes de cambriolages à Beni. À cela s'ajoutent des assassinats et des enlèvements ciblés. En février et mars derniers, au moins dix personnes ont été assassinées à Beni et dans la ville voisine d'Oicha.

Selon le Forum de Paix de Beni, entre janvier et août 2025, au moins 40 cas de vols à main armée ont été recensés dans la ville, affectant 65 familles. Ces chiffres dépassent de plus du double ceux enregistrés en 2024 à Beni, regrette Alphonse Vikongo.

Le chargé de communication du Forum de Paix de Beni précise que "les données récentes révèlent une hausse alarmante de l'insécurité entre 2024 et 2025. Cette détérioration du climat sécuritaire est, en grande partie, liée à la chute de la ville de Goma, qui a provoqué une fuite désorganisée de nombreux bandits de grand chemin. Plusieurs d'entre eux se seraient repliés dans d'autres territoires, dont Beni, contribuant à la criminalisation accrue de l'espace public avec des actes de violence armée".

A Beni, la résistance s'organise contre le M23

Couvre-feu à Oicha

Les autorités locales reconnaissent la présence, dans la région, d'un groupe d'hommes venus de Goma et de Bukavu après que ces deux villes de l'est du pays sont passées sous contrôle du M23 en janvier 2025.

Depuis une semaine, un couvre-feu a été instauré entre 21 heures et 5 heures du matin dans la ville d'Oicha, située à 30 kilomètres au nord de Beni. Jean de Dieu Kibwana, responsable de la ville, appelle la population à la vigilance. Selon lui, "il y a des bandits qui sont déjà parmi nous, des individus qui ont fui la guerre du M23. Certains se sont installés à Butembo, d'autres à Beni, voire même à Oicha. Ils travaillent en équipe".

Le 11 août dernier, des présumés voleurs à main armée ont été appréhendés par les services de sécurité, 48 heures après le braquage d'une microfinance au cœur de Beni. Trois jours auparavant, vingt-deux autres présumés bandits, dont deux policiers, avaient été présentés devant la presse à Beni. Le gouverneur du Nord-Kivu, siégeant à Beni, a ordonné la tenue d'audiences publiques afin de décourager ceux qui tentent de déstabiliser la ville.