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Egalité des sexesGambie

La mort d’un bébé excisé provoque l’émoi en Gambie

Amy Wane
14 août 2025

Trois femmes ont été inculpées après la mort du nourrisson décédé à l’hôpital après avoir subi une mutilation génitale.

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Une affiche dénonce les MGF et dit : "Ne laissez pas la lame de rasoir être le symbole de notre nation".
"Ne laissez pas la lame de rasoir être le symbole de notre nation", décrit cette affiche à Banjul.Image : REUTERS

L'affaire continue de faire grand bruit en Gambie et provoque une grande indignation : la mort d'un bébé d'un mois ayant subi une excision. Trois femmes ont été inculpées pour leur implication présumée dans la mort de cette fillette.

Ce drame, qui se serait déroulé à Wellingara dans l'ouest du pays, relance le débat sur cette pratique en Gambie.

Dimanche (10.08), une enfant d'à peine un mois est décédée à son arrivée à l'hôpital du village après avoir subi une mutilation génitale. Pourtant, depuis 2015, une loi criminalise cette pratique en Gambie.

Des femmes font le marché à Banjul.
L'Onu estime à 27 millions le nombre de filles risquant à leur tour de subir des MGF au cours des cinq prochaines années.Image : Zohra Bensemra/REUTERS

Mais elle persiste encore. Pour la juriste et militante des droits des femmes Gambiennes, Fatou Jeanne Senghor, cette persistance s'explique surtout par  l'absence de sanctions.

Selon elle, "lorsque vous avez une loi de régime juridique, et que les autorités ne mettent pas en place un dispositif clair pour le suivi et les sanctions, beaucoup de gens continuent à pratiquer ces mutilations. Mais aussi les communautés qui continuent à pratiquer l'excision, elles ont aussi des codes secrets. Et puis, culturellement, en Gambie, les gens n'ont pas cette culture de dénoncer les manquements à la loi. Et surtout lorsqu'il s'agit des affaires que les gens considèrent comme des affaires privées, familiales".

Risque de prison à vie

Trois femmes ont été inculpées après cette tragédie. L'une d'elles, poursuivie pour excision interdite, a été placée en détention provisoire. Elle risque la prison à perpétuité. Les deux autres, accusées de complicité dans cette affaire ont été libérées sous caution. 

Ecoutez le reportage...

Cependant, pour Fatou Jeanne Senghor, des contrôles réguliers dans certaines régions gambiennes pourraient dissuader les familles qui pratiquent encore l'excision.

La militante estime qu'"une des suggestions, c'est par exemple de faire en sorte qu'à la rentrée des classes on puisse faire le contrôle dans les régions où cette pratique est présente avec le personnel de santé, les assistantes sociales. Je pense que cela pourrait être un élément de dissuasion pour les parents qui tenteraient pendant les vacances d'amener des enfants dans des camps pour les faire exciser".

76% des femmes ont subi une mutilation génitale en Gambie

Les mutilations génitales féminines sont parfois associées à la religion musulmane. Cependant, selon l'imam Amadou Makhtar Kanté, "c'est une pratique que l'islam a trouvé sur place parce que vous ne trouvez pas un texte qui dit par exemple, pour qu'une femme soit musulmane, elle doit être excisée. Certaines femmes vont vous expliquer qu'elles ont eu beaucoup de problèmes avec ce genre de pratiques. L'objectif de l'islam ne peut pas mettre la femme dans une situation aussi dangereuse et aussi pénible".

Une Camerounaise sur trois victime de mutilations génitales

La Gambie affiche l'un des taux de mutilations génitales féminines les plus élevés au monde : environ 76 % des filles et des femmes de 15 à 49 ans ont subi cette pratique en 2024 selon l'UNICEF et 3 filles sur 4 en ont fait l'expérience avant l'âge de 6 ans. 

Des chercheurs de l'Université britannique de Birmingham estiment pour leur part, dans une étude publiée en 2023, qu'environ 44.000 filles et jeunes femmes meurent chaque année des suites de ces mutilations dans les pays où elles sont pratiquées.