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C'était quoi Auschwitz ? / Commémoration des 80 ans d’Auschwitz : comment transmettre la mémoire ?

Reliou Koubakin | Christoph Strack
31 janvier 2025

La cérémonie marquant les 80 ans de la libération du camp d’Auschwitz a eu lieu cette semaine. Alors que la plupart des rescapés disparaissent, comment immortaliser leurs témoignages ?

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Il y avait du monde lundi (27.01.2025) à la cérémonie marquant les 80 ans de la libération du camp d’Auschwitz. Outre le président polonais, son homologue français, le roi Charles de Grande-Bretagne, le chancelier et le président allemand. Mais pas de délégation russe.  

Le camp d’Auschwitz-Birkenau était le plus grand camp de concentration allemand, situé non loin de Cracovie dans le sud de la Pologne alors occupée. Plus d’un million de personnes, en majorité des juifs, y ont été déportés et exterminés par les nazis entre 1940 et 1945.  

Christoph Heubner, vice-président du comité international d’Auschwitz explique qu'"il s'agissait d'une scène de crime organisé par l'Etat, qui consistait à mettre en place un appareil industriel pour tuer des personnes bien précises, des personnes juives, des Sinti et des Roms et bien d'autres encore"

Parmi les personnes assassinées, il y avait Bernd Nathanova, exterminé le 10 janvier 1945, peu avant la libération du camp. Son épouse Anka Nathanova et Eva, sa fille, aujourd’hui Eva Clarke, sont des survivantes de plusieurs camps de concentration y compris celui d’Auschwitz.  

"Ma mère s'est portée volontaire pour suivre mon père parce qu'elle n'avait aucune idée de ce qu'était Auschwitz, indique Eva Clarke à l'agence Associated Press. Ils avaient entendu des rumeurs bizarres, mais ce n'étaient que des rumeurs bizarres. Ils n'y croyaient pas. Et elle pensait, que comme ils avaient survécu trois ans jusque-là, il n'y aurait rien de pire. Elle était loin de s'en douter." 

Pourquoi le choix a été porté sur Auschwitz ? 

Margot Friedländer, survivante de l'Holocauste, est assise dans la tribune des visiteurs du Bundestag. Le parlement a commémoré les victimes du nazisme lors d'une heure du souvenir à l’occasion des 80 ans de la libération du camp d’Auschwitz
Une cinquantaine de survivants du camp d’Auschwitz sont encore en vie Image : Kay Nietfeld/dpa/picture alliance

Oświęcim, le nom ne vous dit probablement pas grand-chose. Pas vraiment une ville importante en tout cas. C'est une localité polonaise d'un peu plus de 10.000 habitants que l'armée allemande a occupée en 1939, annexée et rebaptisée Auschwitz.

"Auschwitz est le synonyme de la déportation, car il a été choisi en fonction de sa situation au centre de l'Europe et de son accessibilité par les trains de déportation. Il y avait, vous le comprenez, des considérations logistiques derrière", rappelle sur la DW Christoph Heubner, vice-président du comité international d’Auschwitz.  

Car Auschwitz a finalement commencé sur de nombreux quais de gare en Allemagne et en Europe. Les nazis ont ainsi transporté par train, souvent dans des wagons à bestiaux, des juifs de nombreux pays européens vers Auschwitz et d'autres camps. Des trains, les détenus partaient directement vers les chambres à gaz et l'assassinat, d'autres arrivaient d'abord au camp de concentration comme main-d'œuvre. 

"Quand on arrive, et qu’on n'est pas directement envoyé dans la chambre à gaz, on ne survit de toute façon pas longtemps à Auschwitz - trois mois maximum" racontait Anita Lasker-Wallfisch en 2018 lors d’une cérémonie de commémoration au sein du parlement allemand. Le fait de jouer de la musique aurait donné une chance de survivre à celle qui aura 100 ans en juillet prochain.  

Le 27 janvier 1945, des soldats de l'Armée rouge sont arrivés au camp. Christoph Heubner qui a accompagné de nombreux survivants en tant que vice-président du comité international d’Auschwitz pendant de nombreuses années, résume leurs récits.  

"C'était un moment d'immobilité absolue. Les libérateurs étaient devant les portes d'Auschwitz, les jeunes soldats soviétiques d'Ukraine, de Russie, d'autres républiques de l'Union soviétique de l'époque, n'en croyaient pas leurs yeux. Ils avaient vu beaucoup de choses, mais pas ce qui se tenait là, à savoir des morts sur deux jambes... Ce n'est qu'en voyant les visages et les yeux que l'on a compris que c’étaient des squelettes vivants."

Les participants à une heure de commémoration se tiennent sur les marches du parlement allemand
En Allemagne, le 27 janvier est un élément central dans la culture du souvenir Image : Michael Kappeler/dpa/picture alliance

Le négationnisme a la peau dure  

Sept mille personnes ont survécu, à la libération du camp d’Auschwitz par l’armée rouge le 27 janvier 1945. Une cinquantaine de survivants d’Auschwitz sont encore en vie. Lundi 27 janvier, jour de commémoration, le secrétaire général de l’Onu Antonio Guterres a appelé au siège des Nations unies le monde entier à bannir la haine. 

"Aujourd'hui, notre monde est fracturé et dangereux. 80 ans après la fin de l'Holocauste, l'antisémitisme est toujours présent, alimenté par les mêmes mensonges et la même haine qui ont rendu possible le génocide nazi. Et il ne cesse de croître", constate Antonio Guterres. 

Le secrétaire général de l’Onu poursuit : "la discrimination est monnaie courante. La haine est attisée dans le monde entier. L'un des exemples les plus clairs et les plus troublants est la propagation du cancer du négationnisme. Et des efforts sont déployés pour réhabiliter les nazis et leurs collaborateurs. Nous devons nous opposer à ces outrages." 

Auschwitz-Birkenau est devenu le symbole de l’Holocauste perpétré par l'Allemagne nazie sur six millions de juifs européens, dont un million sont morts sur le site d’Auschwitz. Le 27 janvier, jour de la libération du camp a été proclamé par les Nations unies Journée de commémoration de l'Holocauste. 

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Comment transmettre la mémoire des survivants ? 

Entrée du camp de concentration d’Auschwitz devenu musée (janvier 2025)
La disparition des rescapés laisse un grand vide parmi le personnel du musée d'Auschwitz Image : Adrien Sarlat/DW

Les commémorations pour le 80e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau sont très particulières, car il s’agissait probablement de la dernière en présence de rescapés du camp. Alors que ces survivants sont amenés à disparaitre dans les prochaines années, comment faire vivre et transmettre la mémoire de l’holocauste en l’absence des témoins ? Le reportage d’Adrien Sarlat. 

Peut-être aussi un signe pour s’assurer qu’on n’oublie pas ce qu’il s’est passé : lors de la commémoration à New York de la libération du camp d’Auschwitz, dix survivants ont immortalisé leurs témoignages grâce à l’intelligence artificielle.   

 

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