Au Sahel, le solaire n'est pas qu'un choix écologique
11 septembre 2025Au Sahel, le soleil brille fort. Mais son potentiel énergétique reste largement inexploité. Le Niger et le Burkina Faso, deux pays parmi les plus pauvres de la planète, misent désormais sur le développement des énergies renouvelables pour répondre aux défis du climat et au manque criant d'électricité.
Une offre encore insuffisante
Au Niger, à peine 20 % de la population a accès à l'électricité. Un retard que les autorités tentent de combler avec des projets solaires d'envergure, comme la centrale de Gorou Banda, d'une capacité maximum de 30 mégawatts, visant à alimenter 70.000 ménages, soit près de 500.000 personnes, ou encore avec le parc photovoltaïque d'Agadez, d'une capacité de 18,9 mégawatts.
Mais les besoins dépassent de loin les capacités actuelles, ce qui constitue un véritable handicap pour le développement du Niger, souligne Ibrahim Boubacar, expert nigérien en énergie solaire :
"L'énergie verte au Niger est dominée par des sources traditionnelles, comme la biomasse, le bois, qui constituent une part importante de la consommation énergétique. La production de l'électricité par l'énergie verte reste très marginalisée. A titre d'exemple, l'énergie solaire constitue moins de 3 % de la production énergétique du pays. L'appropriation par la population progresse aussi lentement, surtout avec des technologies hors réseaux. On constate aussi des initiatives avec des pompes solaires, des miniréseaux solaires, mais elles restent handicapées par un faible taux d'électrification totale".
Des avantages nombreux
Au Burkina Faso, le tableau est similaire. Le pays importe encore une grande partie de son énergie de la Côte d'Ivoire et du Ghana. Pourtant, plusieurs centrales solaires ont vu le jour ces dernières années. La centrale de Zagtouli notamment, d'une capacité de 33,7 mégawatts. Elle représente 4 % de la consommation annuelle du pays et permet de fournir de l'énergie propre à 660.000 personnes.
La centrale de Pa a, pour sa part, une capacité de 30 mégawatts et permet de raccorder environ 31 000 ménages. Ce qui réduit un peu la dépendance du pays.
"La participation des pays du Sahel aux émissions mondiales est faible," constate ainsi Fulbert Ilboudo, expert burkinabè en photovoltaïque. "Malgré cela, ces pays sont extrêmement vulnérables aux impacts du changement climatique. Mais le recours au solaire permet de réduire la dépendance aux fossiles qui sont couteux, comme le fioul, le diesel, entre autres, et de contribuer à la décarbonation en alimentant des plateformes multifonctionnelles pour le pompage d'eaux, la transformation des produits agricoles ou la réfrigération. Cela contribue ainsi à la sécurité alimentaire et à la création de chaines de valeurs locales".
La conférence de l'Union africaine à Addis-Abeba, qui s'est achevée ce mercredi, a servi de cadre pour attirer de nouveaux financements et convaincre les partenaires internationaux de miser davantage sur cette ressource inépuisable qu'est l'énergie solaire. Car pour les pays du Sahel, l'énergie verte n'est pas seulement un choix écologique, c'est aussi une urgence sociale et économique.