Au Gabon, fin d'une transition militaire, mais quel avenir ?
12 avril 2025Tous les indicateurs placent le général Brice Clotaire Oligui Nguema en favori de l’élection présidentielle, après 19 mois à la tête du . Ce constat s’appuie notamment sur le déséquilibre des moyens mobilisés par le général comparé aux autres candidats. Pourtant, cette disparité semble peu préoccuper les nombreux Gabonais qui ont voté, toujours animés par une soif non étanchée de développement durable, dans un pays frappé par une pauvreté persistante.
Oligui Nguema partage avec son principal rival, Alain Claude Bilie-By-Nze, un discours centré sur la diversification de l’économie nationale.
Mais le général Oligui Nguema n’aura pas tenu sa promesse faite lors de sa prise de pouvoir par la force. Au lendemain du coup d’État du 30 août 2023, le président putschiste avait promis aux Gabonais l’organisation d’élections, en vue de restituer le pouvoir aux civils.
Selon les critiques du régime militaire, le référendum du 16 novembre 2024 visait en réalité à ouvrir la voie à une présidence pour le général Oligui Nguema.
L’espoir d’un peuple longtemps éprouvé par la pauvreté
Pour une large partie de la population gabonaise, l’enjeu est moins une bataille politique qu’un espoir de rupture avec l’héritage de la dynastie Bongo.
"On espère que ce qui s’est passé à l’époque ne se reproduira plus, parce qu’on en est fatigués", confie un citoyen de Libreville au micro de la DW.
"Le véritable développement passera par une administration décentralisée, dans les districts, dans les cantons. Si Oligui Nguema agit en ce sens, il aura le soutien des Gabonais", ajoute un autre intervenant.
Le coup d’État du 30 mars 2023 à Libreville, marquait "le début d’une ère de restauration de la dignité du peuple gabonais et des institutions républicaines mises à mal par les dérives autoritaires du régime précédent", rappelle Tidiane Dioh, consultant international et professeur d’université qui cite les putschites.
Une économie fragilisée malgré des ressources abondantes
La dynastie Bongo laisse derrière elle une économie loin d’être stable. Selon les déclarations du général Nguema en campagne, la dette publique du Gabon s’élève à environ 7000 milliards de francs CFA. Il affirme avoir déjà remboursé 2000 milliards au cours de la transition, et promet d’épurer les 5000 milliards restants durant son mandat. De son côté, Bilie-By-Nze évalue cette dette à 8500 milliards.
Mais le problème ne se limite pas à la dette. Environ un tiers de la population vit sous le seuil de la pauvreté, d’après la Banque mondiale. Et selon la plateforme Statista, le taux de chômage au sein de la jeunesse atteint 36,53& .
Le Gabon, pourtant riche en pétrole, reste économiquement dépendant de cette ressource. De nombreux citoyens appellent aujourd’hui à une économie plus diversifiée.
Malgré ces difficultés, des experts saluent les efforts d’Oligui Nguema, notamment dans le domaine des infrastructures.
"Beaucoup de chantiers ont été lancés, au grand bonheur des Gabonais. En matière d’infrastructures, on peut dire que le président est un bâtisseur. La construction fait partie de ses activités quotidiennes", souligne Bergès Mietté, enseignant à l’Université internationale de Libreville.
Néanmoins, le futur président gabonais sera attendu sur plusieurs autres fronts : la gouvernance et le respect des droits humains. Après plusieurs décennies de règne de la famille Bongo, marquées par la répression et la marginalisation de nombreuses voix, le peuple gabonais espère enfin tourner la page.