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" La menace est transfrontalière, le partage de renseignements est une nécessité", Rodrigue Koné

24 avril 2025

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Ce mercredi 23 avril 2025, le gouvernement béninois a indiqué que ce sont 54 militaires qui ont été tués le 17 avril dans le nord du pays dans une attaque des djihadistes contre l'armée.

L'attaque du 17 avril a été revendiquée quelques jours après par le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM ou JNIM en arabe), affilié à Al-Qaïda, évoquant de son côté un bilan de 70 militaires béninois tués.

Le gouvernement béninois a regretté mercredi une coopération défaillante, sans toutefois les nommer, avec les autorités de Ouagadougou et Niamey, pays sahéliens minés par des groupes armés affiliés à Al-Qaïda ou au groupe État islamique.

Début janvier, 28 militaires béninois avaient été tués dans cette même zone dans une attaque revendiquée par le GSIM.

Un garde forestier monte la garde dans le parc national de la Pendjari, le 10 janvier 2018
En janvier 2022, le Bénin avait déployé près de 3.000 soldats pour sécuriser ses frontières dans le cadre de l'opération "Mirador", avant de recruter 5.000 soldats supplémentairesImage : Stefan Heunis/AFP

Joint par la DW, en début de semaine, voici ce que le chercheur Fahiraman Rodrigue Koné, chef du projet Sahel à l'Institut d'études de sécurité de Dakar, ISS nous disait sur cette attaque qui a visé ce 17 avril le Bénin

DW : Peut-on dire que le Bénin peine à faire face aux groupes djihadistes ?

Le pays a renforcé ses capacités militaires dans les régions qui sont toujours objets d'attaques régulières. Mais, ce renforcement n'est pas toujours synonyme d'une maîtrise totale d'autant plus que l'armée fait face à un ennemi qui est asymétrique, qui opère parfois en posant des embuscades et qui a une bonne connaissance du terrain et donc c'est très difficile de pouvoir maîtriser un tel ennemi. Néanmoins, ce renforcement de capacité militaire, empêche les groupes de pouvoir s'installer durablement, de contrôler et de maintenir des positions.

DW : Mais qu’est-ce qui ne fonctionne pas en termes de coopération entre le Bénin et ses voisins du Niger et du Burkina par exemple ?

Malheureusement, cette coopération qui est tant nécessaire et vitale pour lutter contre ces groupes qui opèrent sur une bande transfrontalière est à son plus bas niveau dans un contexte de tensions politiques et ces tensions-là ne facilitent pas la coopération. Du coup, on ne peut pas faire face ensemble à une menace qui est pourtant collective et conjointe.

DW : Que sait-on du groupe qui a mené l'attaque de ce jeudi au Bénin ?

Il n'y a pas eu à ma connaissance une revendication jusqu’à présent (lundi 21.04.25). Mais cette zone est connue comme une zone d'opération privilégiée de la Katiba Hanifa, une katiba qui est rattachée au GNIM, donc qui opère dans cette zone mais et qui part pratiquement depuis des Terra au Niger, qui longe la frontière est au Burkina jusqu'au au Bénin aux alentours du parc W.

DW : Alors est-ce que la Cédéao et les pays de l'AES (L'alliance des États du Sahel) pourraient par exemple essayer de surmonter leurs divergences et coopérer au plan sécuritaire ?

La menace, elle est transfrontalière, le partage de renseignements et même des opérations coordonnées et des actions conjointes paraissent une nécessité. Et d'ailleurs, je pense que c'est une question qui devrait être au rang des priorités des négociations qui qui sont annoncées entre l'AES et la Cédéao. Donc c'est une question essentielle qui doit être prioritaire et qui devrait permettre d'aller au-delà des divergences comme vous l'avez dit, pour pouvoir identifier les points communs de coopération. Je pense que les pays de l'AES ne sont pas du tout opposés à cette perspective et encore moins, au niveau de la Cédéao, mais il urge qu’il y ait véritablement un cadre d'entente commun qui puisse permettre de lutter contre cette menace qui est transfrontalière.