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Nouveau coup dur pour la presse au Burkina Faso

27 mars 2025

La dissolution de l'Association des journalistes du Burkina (AJB) par les autorités fait réagir RSF qui estime que la décision est arbitraire.

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Image symbolique de journalistes
La décision de la dissolution de l'association des journalistes du Burkina a fait réagir RSF.Image : Frank May/picture alliance

Au Burkina Faso , les autorités militaires ont annoncé, le mardi 25 mars, la dissolution de l'Association des journalistes du Burkina (AJB). Cette décision a été prise au lendemain de l'arrestation de Boukari Ouoba et de Guézouma Sanogo, respectivement vice-président et président de l'AJB.

Guézouma Sanogo avait dénoncé des atteintes à la liberté d'expression dans le pays. Un troisième journaliste, Luc Pagbelguem, de la chaîne privée BF1, qui a réalisé un reportage sur le congrès de l'AJB, a aussi été interpellé.

 Le ministre de l'Administration territoriale, Emile Zerbo, qui a annoncé dans un communiqué la dissolution de l'AJB, a également mis en garde sur le fait que toutes les personnes qui chercheraient à "soutenir ou maintenir une association dissoute, s'exposent à des sanctions".

Pour Reporters sans frontières, la dissolution de l'AJB est une décision arbitraire. Sadibou Marong le responsable du bureau Afrique de RSF s'en explique.

Ecoutez ou lisez l'interview de la DW avec Sadibou Marong.

 

Sadibou Marong : c'est la continuité d'une stratégie longuement mûrie depuis l'arrivée au pouvoir du  capitaine Ibrahim Traoré pour rétrécir davantage l'espace civique, l'espace de la liberté d'expression et la liberté de la presse, c'est très grave.Beaucoup de personnes oublient que le Burkina a toujours été un pays de liberté de la presse, c'est le pays qui a abrité pendant très longtemps le Festival international de la liberté d'expression.

Et c'est dans ce pays-là aussi qu'on a vu l'Association des journalistes du Burkina Faso qui est une association très dynamique.

C'est un pays où il y a eu pendant longtemps vraiment des associations locales qui peuvent jouer un rôle important dans le dynamiste de la liberté de la presse.

Donc c'est l'une de ces associations là, l'AJP qui a été disons dissoute sur la base de ce que les autorités appellent un décret qui ne les reconnaît pas.

DW : Justement, les autorités évoquent des raisons administratives. Elles reprochent à l'AJB de ne pas s'être conformée à la loi de 2015 régissant les associations, vous estimez que ce n'est pas une raison valable  ?

Sadibou Marong : Ce n'est pas une raison valable parce qu'en terme de sanction, en termes d'évolution des sanctions pour nous c'est disproportionnée.

Je pense que ce qui motive tout cela c'est la déclaration du président de l'AJB nouvellement réélu qui est actuellement "porté disparu" parce qu'avec un autre journaliste disparu Boukary Ouaba, ces deux journalistes et un troisième lui aussi de BF1... pourquoi les autorités sont allés regarder les textes ? C'est parce qu'elles cherchaient la petite bête. Mais il y avait fondamentalement la possibilité par exemple de dire à cette association, manifestement vous n'êtes pas en règle.

"La liberté d'expression est importante"

Nous vous donnons la possibilité de vous conformer à la législation avant de penser à une sanction beaucoup plus élevée.Mais cette sanction là pour nous est très disportionnée.Elle vient au très mauvais moment, elle est illégale.

Mais cela aussi montre jusqu'où les autorités elles-mêmes sont sont prêtes à aller pour museler les médias.

Je pense que c'était parti du fait que le nouveau président (de l'AJB ndr) avait fait une déclaration pour parler un peu des difficultés de la liberté de la presse dans le pays.Et cela n'a pas plu aux autorités et il fallait les arrêter.

DW : Vous faites donc un lien entre cet événement puisque la dissolution a été décidée au lendemain de l'arrestation justement de deux leaders de l'association qui avaient dénoncé ces atteintes à la liberté d'expression.Vous faites donc un lien entre ces déclarations et ce qui arrive maintenant.

Sadibou Marong : Mais c'est ça.Il y a un lien direct entre l'arrestation de ces trois journalistes là et la dissolution de l'Association des journalistes du Burkina Faso.

On ne peut pas ne pas lier tout cela. C'est dans dans une stratégie globale, la continuité de la stratégie mise en place pour que toutes les voies dissidentes dans le pays soient enlevés, soient emprisonnés. Or, on ne peut pas. Il sera difficile d'enlever et d'emprisonner la pensée des gens.La liberté d'expression, c'est quelque chose qui est importante.Ça ne se passe pas très bien au Burkina Faso et on ne peut pas interdire au monde entier de le dire.

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique