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Djihadisme : la transition malienne patine cinq ans après

16 juin 2025

Alors qu’Assimi Goïta pourrait rester au pouvoir pendant au moins cinq ans, les attaques djihadistes continuent d’endeuiller le Mali.

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Le président malien Assimi Goïta arrive à la cérémonie d'ouverture du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC) au Grand Hall du Peuple à Pékin, le 5 septembre 2024.
Assimi Goïta pourrait rester au pouvoir au moins jusqu’en 2030 Image : Li He/Xinhua/picture alliance

Les récentes attaques au Mali ont confirmé, une fois de plus, que la "montée en puissance" de l’armée malienne, souvent promise par les militaires au pouvoir, n’a pas été suffisante pour venir à bout des groupes djihadistes. 

Car, selon, Ahmed Ould Abdallah est le président du Centre de stratégies sécurité Sahel Sahara (Centre 4S), "non seulement le terrorisme n’a pas disparu, mais il progresse. Il progresse en intensité. Ce n’est plus seulement le nord et le centre, mais c’est aussi le sud vers Sikasso et tout récemment vers la région de Kayes (dans l’ouest)".   

Début juin, plusieurs positions de l’armée malienne ont été ainsi prises pour cible par le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, le Jnim, affilié à Al-Qaïda. L'attaque du camp de Boulkessi, dans le centre, a fait au moins 30 morts. 

Niveaux élevés de violence 

D'après l’ONG Acled, qui recense les conflits dans le monde, les pays du Sahel central comme le Niger, le Burkina Faso et le Mali font face à des “niveaux élevés de violence”.  

Le 17 septembre 2024, les djihadistes du Jnim ont même pu conduire une double attaque sur la capitale, Bamako, et se sont emparés pendant quelques heures de l’aéroport international. 

"Non seulement le terrorisme n’a pas disparu, mais il progresse" (Ahmed Ould Abdallah)

Fin juillet, l’armée malienne avait reconnu dans ses rangs un “nombre important de morts” dans des combats à Tinzaouatène contre les séparatistes du nord du Mali. Ceux-ci ont déclaré avoir tué plus de 80 mercenaires de l’ancien groupe Wagner.    

Le Mali figure par ailleurs parmi les dix principales crises oubliées dans le monde, selon le dernier rapport du Conseil norvégien pour les réfugiés.  

Prise de Kidal 

Face à cela, Fousseyni Ouattara, vice-président de la commission Défense du parlement de transition, affirme, sans donner de preuve, que le Mali contrôle la totalité de son territoire.  

Tout d’abord, M. Ouattara tient à relativiser : "Si vous parlez d’attaques, vous qui êtes en Europe ou bien aux Etats-Unis, chaque jour, il y a des attaques"

"Mais il n’y a point de doute que la situation s’est améliorée par rapport à il y a quatre ans, quand on ne pouvait même pas faire des manœuvres sans demander l’autorisation. Aujourd'hui, nous agissons en pleine souveraineté. La prise de Kidal montre qu’il y a eu un grand changement. Le Mali est capable de riposter à toute sorte d’attaques."   

En novembre 2023, l’armée malienne, aidée des mercenaires du groupe Wagner, a repris le contrôle de la ville de Kidal, dans le nord du pays.

Les ripostes qu’évoquait à l’instant Fousseyni Ouattara conduisent souvent à des crimes commis contre les civils, documentés par Human Rights Watch.   

Sur les récentes attaques, Fousseyni Ouattara accuse des "mains invisibles", sans les nommer, qui fourniraient des drones aux groupes djihadistes et aussi des pays étrangers "qui veulent nous maintenir dans une certaine dépendance".   

Renoncer au tout militaire ? 

Depuis 2012, le Mali fait face à des attaques djihadistes. Pourtant, les militaires ont pris le pouvoir il y a bientôt cinq ans avec la promesse de mettre fin à ces attaques terroristes.   

Le colonel Assimi Goïta regarde le défilé militaire de la fête de l'indépendance du Mali, à Bamako, le 22 septembre 2022
Les autorités maliennes avaient certes promis lors de leur putsch de faire du retour de la sécurité une priorité mais elles peinent à endiguer la progression djihadiste Image : OUSMANE MAKAVELI/AFP/Getty Images

Ahmed Ould Abdallah propose de renoncer au tout militaire.    

"Une guerre qui dure devient un business. Les terroristes dans le Sahel n’achètent plus d’armes, ils se fournissent localement, par force ou par vente. Est-ce qu’il faut une réponse militaire ?  Est-ce que nos pays peuvent se le permettre ? La réponse ne peut être que politique."  

Yoyana Baniara, ancien magistrat et ancien ministre au Tchad, demande ainsi au pouvoir malien de négocier avec les groupes djihadistes.    

"A un moment donné, il faut savoir négocier et tendre la main à ceux qui luttent.  En mettant une plus grande partie des ressources dans la guerre, on laisse le pays dans une situation économique difficile", explique Yoyana Baniara sur la DW.     

 En 2025, le budget du ministère de la Défense malienne (485 milliards de francs CFA) représente près de 20% du budget de l’État (2.648 milliards).