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PolitiqueArabie saoudite

Riyad se pose en médiateur des crises internationales

11 mars 2025

Soudan, Gaza, Ukraine : l'Arabie saoudite s'active sur tous les fronts en cherchant à redorer son image à l'international.

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Mohamed ben Salmane et Volodymyr Zelenksy lors d'une réception en Arabie saoudite
Les Etats-Unis ont annoncé lever les restrictions sur l'aide militaire et l'échange de renseignements à l'UkraineImage : Ukrainian Presidency Press/ABACA/picture alliance

L'Ukraine et les Etats-Unis discutent ce mardi (11.03) en Arabie saoudite, plus précisément à Jeddah, au bord de la mer Rouge. C'est la première rencontre entre des délégations américaine et ukrainienne depuis la visite de Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche fin février.

L'Arabie saoudite est devenue en peu de temps pays médiateur dans la guerre en Ukraine.

Ainsi, l'indignation internationale après la mort du journaliste Jamal Khashoggi, en 2018, semble définitivement oubliée. Le prince héritier Mohamed Ben Salmane, jadis qualifié de "paria" par l'administration américaine qui l'accusait d'avoir "validé" l'assassinat de cette voix critique du pouvoir saoudien, est redevenu fréquentable. 

Fini l'isolement sur la scène internationale. Mieux, comme lors de son premier mandat, le président Donald Trump a annoncé avoir réservé à l'Arabie saoudite sa première visite d'Etat à l'étranger. Pour lui, le prince héritier est "une personne merveilleuse".

Volodymyr Zelensky est reçu par Mohamed ben Salmane, les deux hommes sourient
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé mardi que les Etats-Unis doivent "convaincre" la Russie d'accepter le cessez-le-feu de 30 joursImage : SPA/Xinhua/picture alliance

A peine le milliardaire investi fin janvier, Mohamed Ben Salmane s'était d'ailleurs empressé d'annoncer des investissements de 600 milliards de dollars aux Etats-Unis sur les quatre prochaines années.

"L'Arabie saoudite s'est imposée comme une plate-forme de dialogue ces deux ou trois dernières années", explique Sebastian Sons, chercheur au sein du groupe de réflexion allemand Carpo. Il estime que Ryad cherche à "parler à tout le monde", afin de se présenter comme un terrain de médiation neutre et de maintenir les canaux de communication ouverts avec toutes les parties impliquées dans le conflit en Ukraine.

Neutralité

Pour Mohammed Kawas, un analyste politique basé à Londres, "le pays s'est abstenu de se joindre aux critiques et aux sanctions de l'Occident contre la Russie, alors qu'il était également en contact régulier avec le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy, et a fourni de l'aide humanitaire et médicale de plusieurs millions à l'Ukraine".

L'an dernier, Riyad a aussi contribué à faciliter un échange historique de prisonniers entre la Russie et les Etats-Unis.  Plus récemment, en février, le pays a accueilli des pourparlers entre haut-responsables russes et américains pour discuter de la normalisation des liens entre les deux pays et de la fin de la guerre en Ukraine. 

Il semble également probable que l'Arabie saoudite accueillera une rencontre en face à face entre Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine. Ce serait leur première rencontre depuis le retour du républicain à la Maison Blanche.

En plus de faciliter les pourparlers sur l'Ukraine, Riyad a accueilli les sommets de la Ligue arabe pour élaborer des tentatives de réponse au conflit au Soudan et sur l'avenir de la bande de Gaza.

Les négociateurs et diplomates ukrainiens et américains assis autour d'une table
A l'issue des discussions à Jeddah, l'Ukraine et les Etats-Unis sont également convenus de conclure "dès que possible" un accord sur les minerais ukrainiens, selon le communiquéImage : Saul Loeb/AP/picture alliance

Selon Neil Quilliam, spécialiste des affaires étrangères au groupe de réflexion britannique Chatham House, "l'Arabie saoudite est devenue un acteur essentiel au Moyen-Orient notamment pour les Palestiniens, la Syrie et le Liban". En résumé, dit-il, "pour ce qui concerne le Moyen-Orient, toutes les négociations dans la région passent par Riyad".

Intérêts saoudiens

Justement, Ryad voudra certainement profiter de ce rôle de médiateur sur l'Ukraine pour se présenter comme "un partenaire fiable", estime le chercheur Sebastian Sons.

Car le pays espère des "concessions de Donald Trump, en particulier en ce qui concerne Gaza et un futur Etat palestinien aux côtés d'Israël", là où le président américain veut faire vider l'enclave palestinienne de ses plus de deux millions d'habitants pour en faire une "Riviera du Moyen-Orient" sous contrôle américain. Des plans rejetés par l'Arabie saoudite et la Ligue arabe.

Dans le même temps, Donald Trump, un allié fidèle du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, voudrait voir Israël et l'Arabie saoudite normaliser leurs relations. Un processus bloqué depuis l'attaque terroriste du Hamas sur le sol israélien, le 7 octobre 2023.

Enfin, l'Arabie saoudite travaille sur la transformation progressive de son modèle économique. Le Royaume saoudien cherche à réduire sa dépendance au pétrole et à augmenter les investissements étrangers et les capitaux extérieurs. "La priorité de Riyad est de sécuriser son propre modèle économique, et pour cela, le pays a besoin des Etats-Unis", explique Sebastian Sons, du groupe de réflexion allemand Carpo.