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Appel à la tenue d'un dialogue national en RDC

22 juillet 2025

Pour pacifier l'est de la RDC, des acteurs politiques et religieux appellent à la tenue d'assises nationales inclusives sous l'égide du Qatar.

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Massaad Boulos, envoyé spécial  des États-Unis pour la région des Grands Lacs, en Afrique de l'Est et le chef de la diplomatie du Qatar, Mohamed Bin Mubarak Al-Khulaifi  à Doha, le 19 juillet 2025
Les États-Unis et le Qatar sont impliqués dans la résolution du conflit dans l'est de la RDCImage : Karim Jaafar/AFP

Selon l'opposition et les leaders religieux, la tenue de ce dialogue est l'unique voie vers le retour à la paix en RDC.

Cette position fait suite à la signature, le samedi 18 juillet à Doha, au Qatar, d'un accord de principes entre le gouvernement congolais et les rebelles de l'AFC-M23 qui, depuis trois ans maintenant, contrôlent une partie de l'est de la République démocratique du Congo.

Ce  projet de dialogue inclusif porté par les églises catholique et protestante  depuis février dernier est désormais porté par les acteurs politiques de l'opposition. 

Jean-Marc Kabund, le président de l'Alliance pour le changement
Jean-Marc Kabund était premier vice-président de l'Assemblée nationale avant de démissionner en 2022 Image : Nationalversammlung Demokratische Republik Kongo

Jean-Marc Kabund, président de l'Alliance pour le changement et de la Coalition de la gauche congolaise, rappelle que la crise que traverse la RDC va au-delà de la problématique de l'AFC/M23.

Il affirme que "le Congo est confronté à plusieurs formes de crises qu'on peut ajouter à la crise sécuritaire. Nous avons la crise politique, la crise de gouvernance, la crise post-électorale due aux élections chaotiques de 2023, ce qui a, tout d'un coup, brisé la cohésion nationale. Pour qu'il y ait reconstruction de cette cohésion nationale, nous avons besoin de ce dialogue".

Étape importante

La signature de la déclaration de principes entre le pouvoir de Kinshasa et la rébellion de l'AFC-M23 constitue donc une étape importante. C'est ce que reconnaît le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) de l'ancien président Joseph Kabila. 

Ramazani Shadari à Kinshasa en août 2018
Ramazani Shadari a été candidat à la présidentielle de 2018 en RDCImage : REUTERS

Cependant, Ramazani Shadari, son secrétaire permanent, insiste sur le fait que ce dialogue doit être ouvert à tous.

"Dialogue entre les acteurs sociopolitiques du pays, inclusif, qui aura le mérite d'examiner, en profondeur, les véritables raisons de la crise congolaise avec ses facettes multiformes pour, justement, aller à une paix durable dans notre pays, la RDC", soutient-il.

Prise en compte d'éléments fondamentaux

Martin Fayulu plaide lui aussi pour un dialogue national en RDC
L'opposant Martin Fayulu est membre de la coalition LamukaImage : Nicolas Maeterlinck/Belga/dpa/picture alliance

Les pourparlers proprement dits devraient commencer le 8 août prochain, toujours sous la médiation du Qatar. La coalition Lamuka exige que certains éléments fondamentaux y soient intégrés. Prince Epenge, un des porte-paroles de Lamuka explique que "la mise en œuvre intégrale de la résolution 2 773 du conseil de sécurité des Nations unies (de février 2025, qui condamne l'offensive du M23 et le soutien militaire du Rwanda, ndlr) est une exigence de la justice pour tous les crimes commis dans l'est de la RDC". Il ajoute que "la coalition Lamuka croit fondamentalement que le terminus pour la paix, la cohésion et l'unité, c'est la tenue urgente d'un dialogue national inclusif entre Congolais".

Intégration d'anciens criminels, un problème

Un dialogue qui, cependant, pour Fernandez Murhola, expert en droits humains, risque d’aboutir à l'intégration d’anciens criminels dans la gestion du pays. Fernandez ne soutient donc pas l'accord de Doha.

Le leader de l'AFC/M23 au cours d'une conférence de presse à Goma en janvier 2025
Corneille Nangaa est le coordinateur politique de l'Alliance Fleuve Congo (AFC)Image : Tony Karumba/AFP/Getty Images

"C'est un accord frisant le partage du pouvoir entre le gouvernement et les animateurs des groupes armés, donc entre les gouvernants et les criminels. Cet accord de Doha est un accord dangereux, car il risque de mettre en cause l'ordre constitutionnel établi" regrette  Fernandez Murhola.

Le président congolais, Félix Tshisekedi, a toujours refusé de dialoguer avec les rebelles de l'AFC-M23, qu’il considère comme une organisation terroriste. Il semble que, désormais, ce dialogue, sérieusement conduit, soit au cœur de la résolution de ce conflit. 

Vue d'une artère très empruntée de Kinshasa
Jean-Noël Ba-Mweze Correspondant à Kinshasa en RDC pour le programme francophone de la Deutsche Welle@ba_mweze